Les organismes de surveillance des droits de l'homme, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont déclaré jeudi qu'ils cherchaient l'aide de l'ONU pour mettre fin au profilage racial pratiqué par la police française.
Les éléments de preuve et les témoignages des victimes et de la police montrent qu'en France, « le profilage racial cible particulièrement les jeunes hommes et garçons noirs et arabes ou ceux perçus comme tels, y compris les enfants âgés d'à peine 10 ans », a déclaré Human Rights Watch (HRW).
« Ces contrôles d'identité abusifs et illégaux, répandus dans tout le pays et profondément ancrés dans les pratiques policières, constituent une discrimination raciale systémique. »
HRW et Amnesty International France, ainsi que trois autres groupes français, ont déposé une plainte auprès du Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale.
🇫🇷France
Avec 4 autres associations, nous interpellons le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale #CERD sur le contrôle au faciès pratiqué par la police française. ⬇️@MaRueMesDroits_
– Amnesty International France (@amnestyfrance) 11 avril 2024
La plus haute juridiction administrative de France, le Conseil d'Etat, a estimé en octobre dernier que le profilage racial pratiqué par la police ne se limitait pas à des « cas isolés ».
Mais « le gouvernement n'a pris aucune mesure pour résoudre le problème », a déclaré HRW.
« En ne prenant pas les mesures nécessaires pour mettre fin à cette pratique, le gouvernement français manque à ses obligations au titre de plusieurs traités internationaux », ajoute le texte.
Le comité de l'ONU veille au respect de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, signée par la France.
« Recours excessif à la force »
En juillet de l'année dernière, il avait déjà fait part de ses inquiétudes concernant « l'usage excessif de la force par les forces de l'ordre » en France et avait appelé le pays à interdire le profilage racial.
Ces commentaires font suite à la fusillade mortelle par la police, le mois précédent, d'un adolescent de 17 ans nommé Nahel lors d'un contrôle routier, dans un incident qui a ravivé des griefs de longue date concernant le maintien de l'ordre dans les quartiers à faibles revenus et multiethniques.
Le médiateur français des droits de l'homme a constaté en 2017 qu'un jeune « perçu comme noir ou arabe » était 20 fois plus susceptible de faire l'objet d'un contrôle d'identité que le reste de la population.