Des syndicalistes et des proches d'un ouvrier malien décédé sur un chantier de construction des Jeux olympiques de Paris se sont rassemblés pour réclamer reconnaissance et justice. Leur hommage est intervenu à la veille de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.
Au total, une centaine de militants syndicaux et membres de familles, certains en larmes, se sont rassemblés samedi après-midi sous une pluie battante sur les lieux du drame pour réclamer « reconnaissance et justice pour Amara ».
Chef d'équipe, 51 ans, Amara Dioumassy est décédé le 16 juin 2023 sur le chantier du bassin d'Austerlitz destiné à améliorer la qualité de l'eau de la Seine pour les épreuves de natation des JO de Paris.
Le site devrait être inauguré la semaine prochaine.
Employé de l'entreprise Darras et Jouanin, Dioumassy a été percuté par un camion de chantier qui faisait marche arrière sans alarme, selon ses collègues qui ont dénoncé de graves manquements à la sécurité sur le chantier.
Des délais dangereux
Lyes Chouaï, dirigeant syndical CGT de la SADE, filiale de Veolia qui travaillait sur le chantier, affirme que la mort de Diomassy a été passée sous le tapis.
Ce projet « nous a vraiment semblé inacceptable en termes de normes de sécurité », a souligné Chouaï à l'AFP.
« Il fallait agir vite pour respecter les délais », a-t-il expliqué, ajoutant « qu'il n'y avait pas de marquage au sol du sens de déplacement des véhicules ».
Contrairement à la grande majorité des projets olympiques en Ile-de-France gérés par la Solideo, l'établissement public chargé des infrastructures des compétitions, le bassin d'Austerlitz est géré par la mairie de Paris.
Enquête
Co-organisateur de l'hommage de samedi, Chouaï a déclaré que les syndicats voulaient interpeller « le plus grand nombre sur cette mort modeste en marge de ces Jeux qui seront vus par le monde entier ».
La cérémonie a eu lieu à la veille de la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, organisée par l'Organisation internationale du Travail.
La France est le pire bilan d'accidents de l'Union européenne, avec deux personnes qui meurent chaque jour sur leur lieu de travail selon les chiffres officiels.
« Aucune action n'a été faite pour la famille » et « ses enfants meurent de faim », a dénoncé son frère Bally, 38 ans, ajoutant que Diomassy était père de 12 enfants.
Interrogés par l'AFP, la mairie de Paris et Veolia ont rappelé que l'information judiciaire était toujours en cours pour « déterminer les responsabilités », assurant qu'ils avaient « pleinement coopéré ».
En 2021 en France, il y a eu 640 000 accidents du travail, dont 39 000 graves et 696 mortels, selon les chiffres de l'Assurance maladie, l'organisme public qui indemnise les victimes.