Il est en compétition pour remporter la Palme d’or, mais il ignore encore s’il pourra personnellement assister au Festival de Cannes pour son film.
Mohammad Rasoulof, réalisateur iranien maintenant caché quelque part en Europe après avoir quitté secrètement son pays, a appelé d’un vœu pressant le mardi 14 mai à l’industrie cinématographique internationale de fournir un « soutien puissant » aux metteurs en scène menacés, selon un communiqué. Rasoulof, qui a été condamné à plusieurs années de détention en Iran, exprime son inquiétude concernant la sûreté et le bien-être des membres de son dernier film, The Seed of the Sacred Fig, restés en Iran. Bien que son œuvre soit en compétition pour la Palme d’or, il ignore encore s’il pourra être présent au Festival de Cannes.
S’exprimant par le biais d’un communiqué, le cinéaste iranien et lauréat de l’Ours d’or à Berlin en 2020 pour Il n’y a pas de Diable raconte : « Je suis arrivé en Europe après un voyage éprouvant et difficile ».
« Il m’a fallu choisir entre la prison et la fuite de l’Iran »
Le cinéaste, âgé de 51 ans et soucieux de présenter un Iran « éloigné d’un récit contrôlé par la censure et plus fidèle à la réalité », raconte avoir pris la décision de fuir après avoir appris que sa sentence, « injuste », de huit ans de détention dont cinq applicables, confirmée en appel, allait être appliquée « très prochainement ». Il redoutait aussi une autre condamnation suite à la diffusion de son film à venir. « Il m’a fallu choisir entre la prison et la fuite de l’Iran. C’est avec une grande tristesse que j’ai opté pour l’exil », a-t-il partagé. Ayant son passeport confisqué depuis 2017, il a dû « quitter l’Iran de manière clandestine ». Il tire la sonnette d’alarme quant à la situation de ses collaborateurs restés en Iran. « L’appareil judiciaire de la République islamique bafoue constamment et systématiquement les droits de l’Homme », accuse-t-il.
« Le niveau et la force de la répression atteignent une telle férocité que les gens s’attendent chaque jour à entendre parler d’un nouveau crime abominable commis par le gouvernement. »
Mohammad Rasoulof, réalisateurCommuniqué
Afin de préserver ses collaborateurs et proches des représailles du régime, le réalisateur a tenu secret « l’identité des acteurs et des membres de l’équipe, ainsi que les détails de l’intrigue et du scénario ». Certains acteurs « ont réussi à s’échapper d’Iran » à temps, se félicite Mohammad Rasoulof, tandis que beaucoup d’autres membres de l’équipe doivent toujours y demeurer « et les services de renseignement leur mettent la pression », notamment au moyen de « interrogatoires prolongés ».
« La communauté cinématographique mondiale se doit d’apporter un soutien fort aux réalisateurs », exhorte-t-il. « Il est primordial de défendre la liberté d’expression (…) Comme je le sais par expérience, ce soutien peut s’avérer d’une valeur inestimable pour pouvoir continuer leur travail essentiel. »