Andrea Arnold, connue à travers le monde pour ses œuvres cinématographiques réalistes et engagées socialement, se verra décerner un Carrosse d’or lors de la Quinzaine des cinéastes. Elle présentera également son dernier film intitulé « Bird » dans le cadre de la compétition officielle.
Depuis près de deux décennies, la réalisatrice britannique Andrea Arnold a marqué sa présence au Festival de Cannes. Ses attentes sont particulièrement élevées pour cette 77e édition du festival. Sa contribution remarquable en tant que scénariste et réalisatrice sera honorée par le Carrosse d’or, une récompense de grand prestige accordée par la Société des réalisateurs de films (SRF). La cérémonie d’ouverture de la Quinzaine des cinéastes, le mercredi 15 mai, verra la délivrance de ce prix qui salut l’audace et la créativité dans la mise en scène et la production cinématographique.
Arnold ne s’arrête pas là. Le vendredi 17 mai, elle dévoilera son nouveau film, « Bird », lors de la compétition officielle. Malgré avoir reçu trois Prix du Jury, la réalisatrice de 63 ans n’a pas encore remporté le prix ultime. Pourrait-elle être titulaire de la Palme d’or cette année ? Le 25 mai nous donnera la réponse.
Ses premiers pas : des œuvres courtes ancrées dans le réel
Après une carrière de présentatrice de télévision, Andrea Arnold a choisi de passer derrière la caméra. Habituée des courts-métrages, elle a été remarquée pour la première fois lorsque son premier film « Milk » a été présenté lors de la Semaine de la critique au Festival de Cannes en 1998. Le film raconte le traumatisme d’une femme suite à la naissance de son enfant mort-né.
Trois ans plus tard, en 2001, Arnold revient sur la scène de Cannes pour présenter son deuxième court-métrage, « Dog », encore une fois lors de la sélection de la Semaine de la critique. C’est avec son film « Wasp » en 2005 qu’elle a vraiment capté l’attention du grand public, en remportant l’Oscar du meilleur court métrage en prises de vues réelles.
Ce troisième court-métrage, tourné dans sa ville natale de Dartford, apporte une réflexion authentique et sensible sur la maternité. Il met en lumière les difficultés d’une jeune mère célibataire, Zoë, tentant d’éduquer ses enfants. Ce film, largement inspiré de la vie personnelle d’Andrea Arnold – elle-même mère célibataire de quatre enfants, confirme l’intérêt de la réalisatrice pour des thèmes du quotidien tels que la maternité et le réalisme dans ses images.
Trois récompenses du Prix du jury
En 2006, la reconnaissance à Cannes pour Arnold devient réalité. Elle s’est vue attribué le Prix du Jury pour son premier long-métrage, « Red Road ». En 2009, elle reçoit à nouveau la même récompense pour « Fish Tank ». En 2012, elle est membre du jury de la compétition officielle, présidée par Nanni Moretti. Elle revient en force en 2016 avec son film « American Honey », avec l’acteur Shia LaBeouf, qui remporte aussi le Prix du Jury. C’est le troisième du genre pour la réalisatrice britannique.
Dans ce film, Andrea Arnold trace le portrait d’une génération américaine en quête de liberté et d’indépendance. Le film narre l’histoire d’adolescents sillonnant un pays inégal en van, vendant des magazines. C’est l’histoire de l’adolescente Star (interprétée par Sasha Lane), se confrontant aux problèmes familiaux : un père pédophile incestueux et une mère toxicomane. Elle rencontre ensuite un jeune homme, Jake, qui lui propose de rejoindre son groupe de marginaux. Un moyen pour la jeune fille de s’échapper de son enfer domestique. Le film ne propose pas de rédemption mais offre un regard sincère sur la vie des « millenials », ce qui a captivé le jury cannois.
En 2019, Arnold se dirige vers la télévision en devenant réalisatrice pour la deuxième saison de la série « Big Little Lies ». Selon elle, la réalisation d’une série écrite par quelqu’un d’autre permet une certaine distance avec ses propres failles personnelles, ce qui offre une nouvelle perspective dans son travail de réalisatrice.
Retour à Cannes
La carrière d’Arnold prend une nouvelle direction en 2021 avec son premier documentaire, « Cow », présenté lors du lancement de Cannes Première. Ce genre lui convient parfaitement étant donné que celle-ci s’est toujours mise à la création de fictions au plus près de la réalité. Le documentaire fait un zoom sur la vie quotidienne d’une vache laitière nommée Luma, suivi par la caméra pendant quatre ans. Le but, d’après Arnold, était de se rapprocher au plus près de sa conscience animale.
Ce documentaire donne à la réalisatrice l’occasion de retourner à l’un de ses thèmes préférés, la maternité. Elle exprime dans une interview à Télérama en 2022 : « J’adore que le réel bouscule mon travail. Que la météo soit imprévisible, par exemple. Je veux inclure le monde dans mes images ». Arnold s’interroge même si elle ne devrait pas se diriger davantage vers le documentaire, pour mieux filmer ce qui survient, sans contrôle.
Après une pause de trois ans, la réalisatrice revient en force sur la scène cannoise, où elle sera honorée par le Carrosse d’or le 15 mai. La Société des réalisateurs de films la célèbre, affirmant que ses œuvres examinent la société de diverses perspectives, traversant les époques et les milieux avec, souvent au centre, des personnages féminins forts.
La réalisatrice fait à nouveau une apparition le 17 mai avec la présentation de son nouveau film « Bird ». Le film, en compétition officielle face à « Megalopolis » de Francis Ford Coppola, « Emilia Perez » de Jacques Audiard, et « L’Amour ouf » de Gilles Lellouche, suit l’histoire de Bailey, une jeune fille de 12 ans vivant dans un squat avec son frère et son père célibataire. C’est le nouveau point de départ pour Arnold, dont le talent est largement reconnu dans le cinéma social britannique.
Un nouveau film est prévu pour 2025 : « Featherwood ». Le film présentera l’actrice Scarlett Johansson dans le rôle d’une informatrice du FBI infiltrée dans un gang néo-nazi.