Francis Ford Coppola, qui a déjà gagné deux fois la Palme d’or au Festival de Cannes, fait son retour en compétition avec « Megalopolis ». Ce film a toutes les caractéristiques d’une première œuvre de réalisateur débutant, ce qui est plutôt paradoxal.
Le créateur de « Parrain », Francis Ford Coppola, est une figure incontournable du Festival de Cannes, où il est présent régulièrement depuis une cinquantaine d’années. Il est de retour cette année à 85 ans pour la 77ème édition du festival, avec en compétition son nouveau film intitulé « Megalopolis », qui a été diffusé le jeudi 16 mai. Ce film de science-fiction futuriste, aux allusions à l’époque antique, ressemble en tous points à un premier long-métrage, malgré les trente-deux films déjà réalisés par Coppola.
Influence de Roger Corman
« Megalopolis », un projet que Coppola avait en tête depuis longtemps, donne l’impression d’un film produit sans contraintes. Le réalisateur a dû hypothéquer sa maison pour financer ce film qui, de manière surprenante, présente des caractéristiques d’un premier film d’essai. Malgré un certain nombre de défauts et d’effets spéciaux faits maison, le film est empreint d’une ambiance libre et créative, qui rappelle les productions de luxe de Roger Corman, avec qui Coppola a commencé sa carrière. Le film porte sur les jeux de pouvoir et la temporalité, et révèle des ambitions thématiques considérables.
L’intrigue se déroule dans un avenir proche, dans la ville de New Rome aux États-Unis. Les citoyens doivent élire leur maire parmi César Catalina, un artiste idéaliste ayant le pouvoir de stopper le temps, et Franklyn Cicero, le maire ultra-conservateur. Julia, la fille de ce dernier et qui est amoureuse de César, va devoir faire un choix déchirant entre ces deux hommes aux visions de la vie diamétralement opposées, tout comme les électeurs entre deux idéologies différentes.
Une esthétique qui rappelle les années 70
Dans « Megalopolis », Francis Ford Coppola s’éloigne de son style habituel pour créer un film décalé et un peu chaotique, où les aspirations spectaculaires du scénario sont en décalage avec le budget limité d’un film de série B. Malgré une mise en scène quelque peu exagérée, Coppola semble parodier un type de film qu’il aurait rêvé de réaliser au début de sa carrière dans les années 60. Les thèmes juvéniles et l’esthétique psychédélique du film, typiques des années 70, témoignent du fait que même à 85 ans, le cinéaste reste un jeune réalisateur dans l’âme.
« Megalopolis » risque de perdre une partie du public, car il s’agit d’un projet très personnel, presque égocentrique, malgré son traitement de sujets universels tels que l’idéologie, la politique et la société. Les quelques défauts du film semblent être revendiqués par le réalisateur et contribuent à une sophistication qui se ressent à chaque scène. Malgré son aspect contradictoire, ce film offre une vision personnelle de Coppola qui pourrait toutefois laisser certains spectateurs sur le bord de la route.
Informations techniques
Genre : Drame/Science-fiction
Réalisateur : Francis Ford Coppola
Acteurs : Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel, Jon Voight, Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, Jason Schwartzman, Talia Shire
Pays : États-Unis
Durée : 2h18
Sortie : À confirmer
Distributeur : Le Pacte
Synopsis : « Megalopolis » est une épopée moderne située dans une Amérique imaginée en pleine décadence, inspirée de la Rome antique. Un conflit majeur oppose César Catilina, un artiste génial qui a le pouvoir d’arrêter le temps, et le très conservateur maire Franklyn Cicero. Alors que le premier rêve d’un avenir idéalisé, le second est résolument attaché à un passé protecteur des privilèges et des milices privées. Julia Cicero, la fille du maire, amoureuse de César Catilina, est partagée entre les deux hommes et devra choisir ce qui lui semble être le meilleur pour l’avenir de l’humanité.