Les manifestants indépendantistes de Nouvelle-Calédonie se sont engagés à maintenir leurs blocages alors que les forces de sécurité françaises cherchent à réprimer six jours de violents troubles déclenchés par une réforme controversée des règles de vote dans le territoire du Pacifique.
Les routes restent bloquées dans la capitale Nouméa et ailleurs dans le territoire français d'outre-mer, tandis que l'aéroport est également fermé.
Le groupe organisateur des manifestations, Field Action Co-ordination Cell (CCAT), a déclaré dans un communiqué que les blocus se poursuivraient, mais a exhorté les manifestants à rester pacifiques.
Six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes, et des centaines d'autres blessées depuis lundi, lorsque les manifestations contre un amendement constitutionnel approuvé par les législateurs français sont devenues violentes.
Cette décision modifierait les règles régissant qui est autorisé à participer aux élections locales, ce qui, selon les indépendantistes kanak, diluerait leur voix.
Lundi, les deux gendarmes tombés au combat ont reçu la « médaille de la sécurité intérieure », une distinction civile et militaire décernée aux forces de sécurité créée en 2012 et qui récompense un comportement exceptionnel.
Le haut-commissaire Louis Le Franc a déclaré que l'ordre en Nouvelle-Calédonie serait rétabli « quoi qu'il en coûte ».
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, ont rendu hommage la semaine dernière aux deux gendarmes tués en Nouvelle-Calédonie, en leur décernant à titre posthume la médaille de la sécurité intérieure, une distinction civile et militaire décernée aux forces de sécurité créées en 2012 et récompensant un engagement exceptionnel ou une intervention dans un contexte particulier. .
Les médailles ont été remises lors d'une cérémonie à laquelle ont participé les membres des familles qui attendent l'arrivée des corps par transport militaire plus tard lundi.
La capitale « malmenée »
Des commerces à Nouméa et sur tout le territoire ont été incendiés et pillés, des voitures incendiées et des routes bloquées, coupant l'accès aux médicaments et à la nourriture.
Plusieurs médias ont cité la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, qualifiant la capitale de « battue », tandis que la chambre de commerce de la CCI a déclaré que 150 commerces avaient été pillés et incendiés.
Le président de la CCI, David Guyenne, a déclaré à l'agence de presse AFP que les émeutes avaient causé environ 200 millions d'euros de dégâts.
L'aéroport international, fermé aux vols commerciaux depuis mardi, le restera jusqu'à jeudi matin.
Et ce malgré les demandes répétées de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande d’autoriser les vols à évacuer leurs citoyens – touristes et visiteurs bloqués sur l’île.
Territoires français unis
Les présidents des autres territoires français d'outre-mer – Guadeloupe, Martinique, La Réunion et Guyane française – ont appelé à une solution politique à la crise.
Dans une lettre ouverte, ils ont appelé au retrait du projet de réforme électorale et à une solution politique pour « empêcher une guerre civile ».
Le retrait de la réforme devrait être une « condition préalable à la reprise d’un dialogue pacifique », ont-ils écrit.
La réponse sécuritaire à la crise « n’apportait aucune solution » et risquait au contraire de « produire une spirale de violence et de compromettre le retour au calme attendu ».
(avec fils de presse)