Oumar Dieme, un ancien carabinier sénégalais qui a combattu aux côtés des Français pendant la Seconde Guerre mondiale, contribuera à porter la flamme olympique dans le cadre de l'ouverture des Jeux de Paris cet été. L'homme de 91 ans dit que c'est un miracle qu'il ait été choisi.
Ni star ni athlète de haut niveau, la gloire de Dieme est d'être Sénégalais tirailleur – un corps de fantassins issus des anciennes colonies françaises qui ont combattu pour la France, notamment lors des deux guerres mondiales.
La panoplie de médailles sur son traditionnel boubou parle de son service en Indochine française et plus tard en Algérie.
Il se souvient de ceux qui ne sont jamais retournés dans leur pays.
« De nombreux collègues sont restés sur place. D'autres sont revenus mutilés (ou) ne sont plus », a-t-il déclaré à l'AFP.
Une vingtaine d'hommes de son village de Badiana, dans le sud de la Casamance, ont servi dans l'armée sénégalaise. tirailleurs corps jusqu'à sa dissolution dans les années 1960.
Il a dit qu'il faisait partie des « chanceux ».
« Je suis le seul survivant. C'était un miracle que j'aie été choisi. »

Prêt pour un défi
Dieme fait partie des 11 000 relayeurs qui relayent la flamme olympique à travers la France.
Mais il fait partie des 21 triés sur le volet pour le porter dans le département de Seine-Saint-Denis, juste au nord de Paris, le 25 juillet – veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux.
Dieme a des liens étroits avec la région, où il a vécu dans un foyer de migrants pendant des années avant de s'installer définitivement au Sénégal en avril dernier.
« Le choix d'Oumar Dieme participe à l'essentiel travail de mémoire, car les tirailleurs sénégalais ont été trop longtemps oubliés dans notre mémoire collective », a déclaré à l'AFP Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis.
Même si Dieme n’avait jamais entendu parler de la flamme olympique auparavant, il a relevé le défi.
« Vu mon âge, j'aimerais être accompagné de mon fils », a-t-il déclaré.
De nombreuses batailles gagnées
Dieme a rejoint le Tirailleurs Sénégalais corps en mars 1953, alors qu'il avait environ 20 ans.
Il combat en Indochine, puis participe à la guerre d'Algérie, où il apprend pour la première fois l'indépendance du Sénégal vis-à-vis de la France en 1960.
De retour au pays, il se réengage dans l'armée sénégalaise, puis travaille comme agent de sécurité et comme coursier bancaire jusqu'en 1988.
Une fois à la retraite, il est retourné dans la ville ouvrière de Bondy, au nord-est de Paris, où lui et d'autres anciens tirailleurs ont entrepris la longue bataille pour obtenir la reconnaissance des services rendus à la France et l'égalité des droits à la retraite.
En 2023, le gouvernement a accepté d'autoriser le reste tirailleurs de continuer à percevoir le minimum pension sans avoir à passer la moitié de l'année en France.
« Je suis content, même si c'est tard, c'est mieux que rien. Maintenant, nous avons une reconnaissance », a-t-il déclaré à 42mag.fr lors de l'inauguration de la place des Tirailleurs-Sénégalais à Paris en mars dernier.

Témoignage de la diversité de la France
Depuis son retour au Sénégal l'année dernière, Dieme partage son temps entre son village et la capitale Dakar, où vit l'une de ses deux épouses et la mère de plusieurs de ses enfants.
« Je suis très heureux d'être avec ma famille. (En France) j'étais confiné dans une pièce de 17 mètres carrés. Je n'ai vu personne. Dans ce village, tout le monde m'aime », a-t-il déclaré.
L'opportunité offerte à Dieme de porter la flamme olympique doit beaucoup aux efforts d'Aissata Seck, conseillère municipale de Bondy et présidente d'un groupe de commémoration de la tirailleurs.
« C'est un beau symbole, encore plus aujourd'hui avec la situation actuelle extrêmement difficile et la banalisation du racisme sur les réseaux sociaux. Cela montre la richesse et la diversité de la France », a-t-elle déclaré.

Dans une interview accordée à 42mag.fr en début d'année, Dieme exprimait sa fierté de revenir dans son ancien quartier en tant que porteur du flambeau, même s'il devra prendre les choses en main.
« J'étais très sportif lorsque j'étais dans l'armée. Si Dieu nous garde en vie jusqu'à cette date et en bonne santé, je le serai (à la cérémonie).
« Mais vu notre âge, nos jours sont comptés. »