Paris (AFP) – Des analyses d'eau dans la Seine à Paris montrent que la rivière est encore trop sale pour y nager, deux mois avant le début des Jeux olympiques de Paris, date à laquelle elle devrait être utilisée par les athlètes, ont montré mercredi les données d'une association caritative.
Les autorités françaises se sont lancées dans une course contre la montre pour assainir la Seine, qui doit accueillir fin juillet la partie natation du triathlon ainsi que la natation en eau libre en août.
L'association caritative de l'eau Surfrider effectue régulièrement des tests pour mesurer les niveaux de deux bactéries cruciales qui indiquent la présence de matières fécales.
Ses derniers résultats ont montré des taux d'E.Coli et d'entérocoques supérieurs aux niveaux autorisés fixés par les fédérations sportives et les normes européennes de baignade.
Un relevé d'E.Coli au pont Alexandre III était plus de trois fois supérieur au niveau maximum autorisé par les fédérations de triathlon et de natation en eau libre.
Les fortes précipitations du mois de mai ont probablement contribué à ce que Surfrider appelle la « mauvaise » qualité de l'eau.
Il a noté qu'il y avait eu de fortes pluies 36 heures avant les tests, mais seulement de légères pluies au cours des 12 heures précédentes.
On sait que de fortes pluies submergent le système d'égouts de Paris, vieux de plus d'un siècle, entraînant des rejets directs dans la rivière d'effluents non traités.
Les organisateurs prient pour du beau temps lors des Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août et ont été ouverts à la possibilité de devoir retarder, voire annuler, la baignade dans la Seine en cas de tempête.
Nouvelles infrastructures
Si une nouvelle station d'épuration des eaux a été inaugurée fin avril à Champigny-sur-Marne en amont de Paris, un autre grand projet d'infrastructures hydrauliques lié aux Jeux olympiques n'est pas encore entré en service.
Une nouvelle installation souterraine géante de traitement des eaux pluviales à proximité de la gare d'Austerlitz, dans l'est de Paris, qui stockera l'eau pour éviter les rejets dans le fleuve, devrait entrer en service début juin.
Le nettoyage de la Seine a été « probablement le projet (olympique) le plus difficile à organiser », a déclaré en avril à la presse Emmanuel Grégoire, adjoint au maire de Paris.
Environ 1,4 milliard d'euros (1,5 milliard de dollars) ont été dépensés par les autorités françaises pour moderniser les installations de traitement des eaux usées et des eaux pluviales autour de Paris afin de réduire la quantité de matières fécales non traitées s'écoulant dans le fleuve et son principal affluent, la Marne.
Le nettoyage de la Seine a été présenté comme l'un des principaux héritages des Jeux de Paris 2024, la maire Anne Hidalgo ayant l'intention de créer trois zones de baignade publiques dans la rivière l'année prochaine.
Elle et le président Emmanuel Macron ont également promis de se baigner avant les Jeux pour démontrer que c'était sans danger, Hidalgo prévoyant de se baigner le 23 juin, selon des sources.
La natation olympique en eau libre a été touchée par des problèmes de pollution dans le passé, notamment à Rio en 2016 et à Tokyo en 2021.