L’initiative émane de l’Association des responsables de distribution artistique (ARDA), qui rassemble une majeure partie des acteurs du secteur.
Jeudi 30 mai, des responsables de casting ont suggéré aux députés qu’une législation soit mise en place pour interdire toute forme de nudité lors des auditions effectuées pour les acteurs du cinéma. Cette suggestion vise à prévenir toute agression sexuelle. L’ARDA a inclus cette recommandation dans un document de travail qu’elle a remis aux députés, qui n’a toutefois pas été rendu public.
L’interdiction de la nudité au cours des auditions devrait bientôt faire partie du règlement de conduite de la profession. Cette question a été débattue lors d’une session de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux violences dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.
Le document stipule que « La nudité ou semi-nudité ne doit être autorisée en aucune circonstance à tous les stades du casting« . Il fait également écho à une suggestion du Collectif 50/50, qui défend l’égalité de genre et la parité dans les industries du cinéma et de l’audiovisuel, stipulant qu' »aucune simulation d’acte sexuel » ne doit être autorisée, ni « aucun cliché dénudé » partagé avant, pendant ou après une audition.
Lors de la session, Erwan Balanant, le président de la commission d’enquête, a demandé « Pouvez-vous imaginer que l’on puisse interdire cela ou l’inscrire dans la loi d’une manière ou d’une autre ?« . Julie David, membre de l’ARDA, a répondu « Absolument« , tandis que Julie Gandossi, autre directrice de casting, a ajouté que « C’est même indispensable« .
D’après l’ARDA, plus de 120 responsables de casting travaillent en France, avec 87 d’entre eux membres de cette association qui a été fondée en 2001.
Les « coordinatrices d’intimité » sur les tournages
La commission d’enquête a également entendu le témoignage de cinq « coordinatrices d’intimité », une nouvelle profession dans l’industrie cinématographique apparue aux États-Unis afin d’encadrer les scènes de nature sexuelle. Elles ont plaidé pour une plus grande reconnaissance de leur travail. Najoua Ferréol, l’une d’elles, a déclaré que « Notre profession n’est pas reconnue dans la convention collective. Quand on nous appelle, c’est généralement la production qui le fait, et nous sommes alors considérées comme conseillères techniques à la mise en scène« .
Alors que la plupart ont été formées grâce à des organismes en provenance de pays anglo-saxons, Paloma Garcia Martens a demandé « une formation française en français« , voire « une forme de certification reconnaissant les acquis et les compétences« , ainsi que la mise en place de « dispositions réglementaires incitant les producteurs à les embaucher« .
Laurent Couraud, coprésident de l’ARDA, a toutefois exprimé son désaccord quant à la nécessité d’avoir des coordinateurs d’intimité présents pendant les auditions, arguant que « Il n’y a aucune scène d’intimité à effectuer pendant un casting. Dans ce cas, leur présence n’est pas nécessaire« .