Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous présentent les nouvelles sorties cinéma avec le film « La Belle de Gaza » réalisé par Yolande Zauberman et le long-métrage « Fainéant.es » dirigé par Karim Dridi.
Le troisième chapitre de la série « Nuit à Tel Aviv » met en scène le vibrant mais sombre monde des femmes transgenres israéliennes et arabes, à la suite des œuvres Would you have sex with an Arab et M, La Belle de Gaza de Yolande Zauberman.
En travaillant sur le film M, Zauberman a été informée de l’histoire d’une femme travaillant dans le commerce du sexe qui aurait parcouru le trajet de Gaza à Israël à pied pour échapper à l’intolérance dans les territoires palestiniens. Dans ce contrastant mélange entre la servitude moderne de la prostitution et une forme d’expression libre de sa sexualité et de son identité de genre, elle a choisi de vivre en Israël.
Le voyage permet de se familiariser avec des individus exceptionnels qui font preuve de solidarité, mettant de côté leurs affiliations ethniques ou religieuses. Le style de réalisation de Zauberman, dans un désordre maîtrisé, laisse place à l’aléatoire mais tend toujours vers la lumière, vers une possible harmonie. Ces femmes, juives, chrétiennes ou musulmanes dispensent une leçon de vie et de résilience particulièrement touchante.
Fainéant.es de Karim Dridi
Le film met en évidence un sujet peu fréquent dans le monde du cinéma — bien qu’il ait un vague parallèle avec Les Valseuses — : les punks à chien, un terme condescendant utilisé pour décrire les nomades et squatteurs, mais qui sont ici présentés dans un environnement rural plutôt qu’urbain.
Nina et Djoul parcourent le pays dans un vieux camion qui leur sert de domicile, deux amies inséparables qui voyagent de squat en squat, entre petits jobs et expulsions. Le film met en lumière des caractères auxquels on prête généralement peu d’attention, des individus qui ont eu une vie avant de choisir la marge, qui savent aussi aimer, ce qui génère du ressentiment dans le duo.
Le réalisme du film est renforcé par l’authenticité de Ju et Faddo Jullian, de vraies globe-trotteuses. Karim Dridi a rencontré Faddo dans un atelier d’acteur il y a une décennie. Tourné en Bretagne, dans le Languedoc et à Marseille, Fainéant.es séduit par sa photographie. Les lieux et les personnages nous apparaissent sous un jour nouveau après l’expérience de ce film.