Un comité représentant les entreprises locales des Champs-Élysées demande une limitation de la circulation et l'ajout de nouveaux espaces verts pour redonner aux Parisiens le goût de cette avenue mythique.
Autrefois connue comme la plus belle rue du monde et un pôle d'attraction pour les parisiens promeneurs, les Champs-Élysées sont aujourd'hui généralement boudées par les locaux.
« Les gens ne sont plus amoureux (des Champs-Élysées) parce que l'avenue est jugée trop bruyante, trop polluée, pas forcément très sûre, et peut-être trop touristique », explique Philippe Chiambaretta, architecte urbaniste.
« C'est pour ça que nous, les Parisiens, n'avons plus vraiment envie de venir flâner ici. »
En collaboration avec le Comité des Champs-Élysées, son cabinet, PCA-Stream, a formulé 150 propositions pour changer cela.
Dans un rapport présenté cette semaine à la mairie de Paris, ils recommandent de consacrer 13 % supplémentaires des deux kilomètres d'avenue aux piétons et de doubler la largeur des pistes cyclables, tout en gardant quatre voies pour les voitures au lieu de six.
Des bancs, des fontaines et des toilettes publiques devraient être installés le long de l'avenue, indique le rapport, transformant ainsi l'équivalent de 150 mètres carrés en espace de repos et de détente.
Il prévoit également de transformer les jardins au pied des Champs-Élysées – actuellement peu plantés et dotés de peu d’équipements – en un véritable parc urbain, avec des aires de jeux, des fontaines et de la verdure.
Au total, le rapport appelle à la plantation de 160 arbres supplémentaires et à l'ajout d'un hectare de pelouses et de parterres de fleurs – ce qui, souligne-t-il, contribuerait également à adapter l'avenue au changement climatique en remplaçant la chaussée dure et réfléchissante par une terre poreuse qui n'a aucun effet. Ne résiste pas à la chaleur ou à la pluie.
« L'intérêt de « revertir » l'avenue et de calmer la circulation en réduisant le nombre de voies réservées aux voitures, c'est d'en faire à nouveau un modèle innovant, un exemple de ce que peut être une ville lorsqu'elle est à la fois durable et agréable », a déclaré Chiambaretta à 42mag.fr.
« Fondamentalement local »
Outre une refonte urbaine, le Comité des Champs-Élysées souhaite des patrouilles de police supplémentaires le long de l'avenue pour décourager les pickpockets et les vendeurs ambulants connus pour cibler les touristes distraits.
Il demande également un programme culturel dédié pour organiser des concerts, des marchés et d'autres événements tout au long de l'année afin d'attirer les visiteurs et les locaux.
« Les Champs-Élysées doivent être fondamentalement populaires, fondamentalement parisiens et fondamentalement locaux », a déclaré à 42mag.fr Marc-Antoine Jamet, président du comité.
« Nous devons tous chercher à réconcilier les Parisiens avec leur avenue, qui n'appartient pas seulement au monde mais aussi à eux. »
Le comité, qui représente les commerçants locaux et autres acteurs de l'avenue depuis plus d'un siècle, tente de ramener les Parisiens sur les Champs-Élysées à travers des événements spéciaux, dont un test d'orthographe record et, le week-end dernier, un pique-nique géant. .
« Je ne viens pas souvent ici parce que c'est très fréquenté et bruyant », a déclaré à 42mag.fr Marie, venue des Yvelines en banlieue parisienne pour l'événement.
« Aujourd'hui, on se réapproprie l'avenue, c'est plus pour le partage et la détente. Ça fait du bien d'avoir un peu plus de calme. »
Florent, également assis sur la vaste couverture rouge et blanche enroulée pour l'occasion sur les Champs-Élysées, explique pourquoi c'était une visite rare pour lui : « On ne voit partout que des touristes et des boutiques de luxe. Il n'y a rien de vraiment authentiquement parisien ici. «
Évincé
Les propriétaires d'entreprises indépendantes se plaignent depuis longtemps d'être évincés de l'avenue par la flambée des loyers, laissant de plus en plus d'espace au sol aux marques haut de gamme comme Louis Vuitton et Lacoste.
Même les grandes chaîne la fin de l'année.
Le Normandie sera le deuxième cinéma historique que l'avenue perdra en un an, après le Gaumont Marignan fermé en décembre 2023 après 90 ans de service. L'UGC George-V, ouvert en 1938, a fermé ses portes en 2020.
Mieux préserver les lieux historiques et le patrimoine architectural de l'avenue figurait parmi les suggestions lorsque le Comité des Champs-Élysées a consulté les Parisiens sur les changements qu'ils souhaiteraient voir sur l'avenue.
Les participants ont également appelé à davantage d’entreprises authentiquement françaises plutôt qu’à des mégamarques mondiales, ainsi qu’à davantage d’espaces verts et à davantage de routes piétonnières.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, adhère à l'idée de réaménager l'artère et a promis de transformer le quartier en un « jardin extraordinaire », même si aucun chantier majeur ne démarrera avant que la ville n'ait fini d'accueillir les Jeux Olympiques cet été.
La mairie doit encore examiner les dernières propositions, dont le coût, selon le rapport de cette semaine, s'élève à quelque 250 millions d'euros.
