La France se lance dans une campagne électorale quelques semaines seulement avant le début des Jeux olympiques de Paris, et les organisateurs s'inquiètent de la gestion des scrutins au milieu des préparatifs des Jeux. Ils s'interrogent également sur l'impact d'un changement de gouvernement en cas de défaite du parti présidentiel.
« La France a l'habitude d'organiser des élections et elle le fera encore, nous aurons un nouveau gouvernement et un nouveau parlement, et tout le monde soutiendra les Jeux olympiques », a assuré Thomas Bach, président du Comité international olympique.
Il s'exprimait lundi à Paris, au lendemain de la dissolution du Parlement par le président français Emmanuel Macron à la suite de la performance historique de l'extrême droite aux élections européennes.
« C'est un processus démocratique qui ne perturbera pas les Jeux », a déclaré Bach. « On sent ici un enthousiasme évident. Nous constatons une grande unité en faveur des Jeux Olympiques de Paris.
La ville a « beaucoup travaillé, nous sommes prêts », a déclaré la maire de Paris Anne Hidalgo, qui était aux côtés de Bach lorsqu'elle a assuré aux journalistes que « rien ne gâchera la fête ».
Le maire socialiste a critiqué la décision de Macron de convoquer de nouvelles élections si près des Jeux – le deuxième des deux tours de scrutin, le 7 juillet, aura lieu trois semaines avant la cérémonie d'ouverture du 26 juillet.
« Une dissolution juste avant les Jeux Olympiques est extrêmement troublante, mais comme tous les dirigeants politiques, je serai sur le terrain », a déclaré Hidalgo.
Mener des campagnes, organiser des Jeux olympiques
La campagne électorale nécessitera l'attention des services publics et des forces de sécurité, déjà mobilisées pour aider à l'organisation des Jeux.
« C'est une charge et une contrainte supplémentaire en termes de sécurité », a déclaré à 42mag.fr Frédéric Lauze, secrétaire général du syndicat des commissaires de police.
« Les bureaux de vote et les urnes devront être sécurisés, l’ordre public assuré et des rassemblements et des manifestations pourraient avoir lieu. »
Ces élections surviennent alors que la France est en pleine crise politique, l'extrême droite ayant remporté plus de 40 pour cent des voix aux élections parlementaires européennes.
Si le parti Renaissance de Macron perd aux élections législatives, il devra nommer un Premier ministre issu d'une faction rivale, ouvrant ainsi une période d'instabilité avec la formation d'un nouveau gouvernement.
Et au milieu de la transition, de nombreux problèmes liés aux Jeux olympiques demeurent – notamment les négociations budgétaires en cours, les problèmes de transport et, bien sûr, la sécurité.
Questions de sécurité
« Si le ministre et les équipes changent, cela perturbe fondamentalement la sécurité des Jeux olympiques et soulève un certain nombre de problèmes », a déclaré à 42mag.fr Frédéric Péchenard, vice-président des Républicains conservateurs en région Ile-de-France.
Les syndicats de police s'inquiètent de la sécurisation de la cérémonie d'ouverture, prévue en plein air, sur la Seine.
La tâche reviendra à des dizaines de milliers de policiers et de forces de sécurité, sous la tutelle du ministre de l’Intérieur – qui pourrait changer avec un nouveau gouvernement.
L'actuel ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a balayé ces inquiétudes, affirmant qu'il ne s'engageait pas dans de la « politique-fiction ».
Nouveau gouvernement, tensions politiques
« Le peuple français doit se demander qui il veut diriger le pays, mais aussi qui il veut accueillir le monde », a déclaré la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, citée dans Le Parisien.
Peu susceptible de conserver son poste dans un gouvernement dirigé par l’extrême droite, elle a insisté sur ses propres « valeurs d’universalisme » et d’ouverture aux autres, s’en prenant au Rassemblement national anti-immigration et souvent xénophobe.
Les dirigeants locaux impliqués dans l'organisation des Jeux ont rejeté la perspective d'inviter à l'ouverture des Jeux le leader du Rassemblement Jordan Bardella, qui deviendra Premier ministre si son parti remporte suffisamment de sièges aux élections.
« Aujourd'hui, mon problème est d'empêcher M. Bardella de devenir Premier ministre et d'être présent à la cérémonie », a déclaré Stéphane Troussel, président socialiste du département de Seine-Saint-Denis, qui accueillera certains sites olympiques. Le Monde.
En tant que maire de Paris, Hidalgo a déclaré qu’elle « accueillerait le monde » pour les Jeux olympiques, aux côtés du président Macron et des dirigeants du Comité international olympique et du comité d’organisation de Paris 2024.
Elle a insisté : « Nous ferons le travail démocratique qui doit être fait. »