Les jeux vidéo servent de vecteur pour les pays du globe afin de se promouvoir et d’exercer une influence sur les sociétés. Par exemple, l’Arabie saoudite consacre d’importants fonds à l’e-sport, tandis que le Japon utilise l’exportation de produits culturels à la fois comme levier économique et outil diplomatique.
Le 18 juin 2024, Nintendo a annoncé un nouvel épisode de Zelda, suscitant un véritable engouement sur le web. Cette annonce illustre bien l’influence toujours marquante du Japon dans l’univers des jeux vidéo. Une influence qu’aspire également à conquérir l’Arabie saoudite, qui investit massivement dans l’e-sport après s’être illustrée dans le domaine sportif ces dernières années.
Un rayonnement croissant des biens culturels japonais
Le 18 juin, Nintendo, le géant de l’industrie vidéoludique au Japon, a dévoilé ses dernières innovations sur Internet. Les nouvelles ont rapidement fait le tour des médias spécialisés en divertissements numériques. La grande nouveauté ? Un épisode inédit de la saga Zelda où, pour la première fois, les joueurs ne contrôleront plus Link, le héros traditionnel, mais la princesse Zelda elle-même. Elle deviendra l’héroïne principale, utilisant des objets du quotidien à la place des habituelles armes pour surmonter les obstacles.
Grâce à des licences telles que Zelda, Mario, et Pokemon, Nintendo a su conquérir un public international, touchant plusieurs générations. La franchise Zelda, qui a vu le jour en 1986, a su évoluer avec différentes consoles au fil des ans. La dernière aventure, intitulée Echoes of Wisdom, est attendue pour le 26 septembre 2024.
Depuis longtemps, les contenus culturels japonais connaissent une diffusion mondiale sans précédent. Les sociétés japonaises comme Nintendo et Sony visent à poursuivre cette expansion globale, surtout face à un marché domestique en déclin démographique. Ces entreprises, déjà en pole position sur la scène internationale avec leurs catalogues variés, sont sans cesse poussées par les nouvelles technologies à se réinventer, tout en capitalisant sur leurs personnages emblématiques.
Le gouvernement japonais encourage fortement ses entreprises à utiliser l’intelligence artificielle, les plateformes numériques et les réseaux sociaux pour exporter leurs créations. L’objectif est de penser d’emblée au public international, au-delà du seul marché intérieur.
Le Japon souhaite intensifier l’exportation de ses mangas, animés et jeux vidéo, espérant qu’en dix ans, ce montant quadruple. Cette initiative vise non seulement à stimuler l’économie mais aussi à renforcer la diplomatie culturelle et le soft power de l’archipel.
L’e-sport comme outil de soft power pour l’Arabie saoudite
Récemment, l’Arabie saoudite a étendu ses investissements aux compétitions de jeux vidéo, en plus de ses dépenses massives dans le sport. Du 3 au 7 juillet 2024, Riyad accueillera la Esports World Convention, une nouvelle coupe du monde rassemblant 19 titres, avec une dotation record de 60 millions de dollars à distribuer entre les vainqueurs.
Le royaume saoudien ambitionne de devenir le leader mondial de l’e-sport. Pour le prince héritier Mohammed ben Salmane, le jeu vidéo représente un puissant levier de soft power. Après des investissements colossaux dans le football, l’art contemporain et le tourisme, MBS souhaite positionner son pays comme la plaque tournante mondiale du gaming. Il est renommé pour sa passion pour les jeux vidéo et son admiration du soft power japonais.
Ces investissements visent également à améliorer l’image du royaume, souvent critiqué pour ses atteintes aux droits humains. En effet, en 2023, 170 condamnations à mort y ont été exécutées. De plus, l’assassinat du journaliste Jamal Khashoqgi en 2018 reste gravé dans les mémoires.
Sur le plan économique, ces initiatives visent à préparer l’Arabie saoudite à l’ère post-pétrole, une ressource qui constitue encore plus de 60% de ses revenus. Le prince héritier mise sur l’industrie du jeu vidéo pour diversifier l’économie. En 2021, le Fonds public d’investissement saoudien a lancé Savvy, une entreprise dédiée au développement du secteur vidéoludique, avec des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Pour diriger Savvy, le royaume a recruté Brian Ward, un Nord-Américain ayant travaillé pour les grandes firmes de jeux vidéo. Sa mission : conquérir un marché en pleine expansion, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, où la population jeune et l’économie numérique connaissent un fort développement.