Après la découverte d’actes de sabotage visant les lignes TGV vendredi, certains ont blâmé ce qu’ils appellent « l’ultragauche ». Néanmoins, la grande majorité des responsables politiques s’est limitée à exprimer son indignation sans désigner de coupables spécifiques.
Est-ce que l’attaque massive perpétrée contre la SNCF peut être le signe d’une frustration persistante ? Ce vendredi 26 juillet, en tout cas, la majorité des personnalités politiques se sont montrées prudentes. Pourtant, dès 10 heures du matin, soit seulement quelques heures après la découverte des sabotages, des sources de la sécurité commençaient déjà à évoquer une possible implication de « l’ultragauche », en raison du mode opératoire, caractérisé par une attaque coordonnée sur un réseau de transport.
Sur la plateforme X (anciennement Twitter), Marine Le Pen a promptement relevé le sujet, mentionnant « des modes opératoires communs à la mouvance d’extrême gauche », et appelant les autorités à mettre un terme à « cette indulgence qui incite les groupes destructeurs ». Eric Ciotti, le chef des Républicains qui s’était récemment aligné avec le Rassemblement National durant les dernières législatives, a partagé un article de presse soulignant cette piste de l’ultragauche, tout en demandant des sanctions sévères pour les auteurs.
Le souvenir de l’affaire Tarnac
Mais dès la mi-journée, Gabriel Attal, le Premier ministre, a fait preuve de prudence, insistant sur la nécessité de laisser l’enquête suivre son cours. Par conséquent, la majorité des acteurs politiques ont exprimé leur indignation sans pointer de doigt accusateur. Parmi eux, le communiste Fabien Roussel, l’écologiste Cyrielle Chatelain, et plusieurs anciens ministres des Transports, tels que Dominique Bussereau du centre-droit ou encore Clément Beaune de l’ex-majorité, pour qui « c’est la France qui est visée ».
Pourquoi un tel élan de précaution ? Certains ont sans doute gardé en mémoire l’affaire Tarnac de 2008, impliquant le sabotage de quatre lignes TGV. À l’époque, l’ultragauche avait été immédiatement accusée, à tort, et Julien Coupat ainsi que ses proches avaient été arrêtés par 150 policiers dans le village de Tarnac, en Corrèze, comme si des résultats étaient nécessaires pour la toute nouvelle Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI). Après neuf ans de procédure judiciaire, l’affaire s’est conclue par une relaxe générale.
Les JO dans tous les esprits
Dans ce contexte post-dissolution, avec une gauche de la gauche perçue comme aussi repoussante que la droite de la droite par la majorité des opinions, il semblait urgent de ne pas stigmatiser quiconque. Qu’il s’agisse d’une action locale ou orchestrée de l’étranger, les cheminots interrogés étaient unanimement impressionnés par le professionnalisme de l’acte. Des individus bien informés ayant agi au bon moment pour éviter les victimes, soit juste avant le passage du train d’inspection, mais causant des perturbations maximales. Et tout cela, en Mondovision.
Dominique Bussereau, ex-ministre des Transports, note les lieux d’intervention : les grands axes menant tous vers Paris. Il semble que les Jeux olympiques étaient bel et bien visés. Comme si ce jour de festivités olympiques ne devait pas faire oublier la colère exprimée dans les urnes à trois reprises en un mois, ni les 122 millions d’euros dépensés pour la cérémonie d’ouverture, aussi spectaculaire soit-elle. Les Jeux ne peuvent pas résoudre tous les problèmes. C’est ce que Tony Estanguet a habilement rappelé dans son discours de vendredi soir. Il sait, lui, qu’une trêve olympique n’est jamais durable.