La star de la musique malienne Toumani Diabaté est décédée des suites d’une courte maladie, a annoncé sa famille ce week-end. Les mélomanes du monde entier ont rendu hommage à un maître instrumentiste qui a contribué à faire connaître au monde les riches traditions du Mali.
Diabaté, décédé vendredi à l’âge de 58 ans, était considéré comme un virtuose de l’instrument à cordes africain, la kora – un « roi de la kora » au Mali et au-delà.
Sa compatriote Oumou Sangaré, chanteuse lauréate d’un Grammy Award, a qualifié Diabaté de « pont entre nos traditions ancestrales et la modernité, un artiste qui a réussi à porter la voix du Mali aux quatre coins du monde ».
L’auteur-compositeur-interprète Salif Keita, également originaire du Mali, a déploré la perte d’un « trésor national ».
Le Sénégalais Youssou N’Dour a salué « un virtuose de la kora, un arrangeur musical hors pair ».
« Un ambassadeur du Mali, un ambassadeur de l’Afrique nous a quitté », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Pionnier de la musique
Diabaté est décédé dans une clinique privée de la capitale Bamako, a annoncé sa famille samedi.
« Mon cher père est parti pour toujours », a posté sur Facebook son fils Sidiki Diabaté, également musicien, en partageant des photos de la foule en deuil.
« Je suis émue parce que c’était un grand maître », a déclaré la joueuse de kora sénégalaise Senny Camara, qui considère Diabaté comme une source d’inspiration pour sa propre carrière.
« Il a fait connaître la kora dans le monde entier. Il a donné envie à tout le monde d’en jouer, y compris aux femmes, qui n’étaient pas censées le faire », a-t-elle confié à 42mag.fr. « Il nous a ouvert des portes. »
Le musicien malien Ballake Sissoko est du même avis : « Je ne sais pas quoi dire car il a fait beaucoup pour la kora et la musique africaine. Un monument vient de nous quitter. »
Gardien de la culture
Diabaté est né en 1965 dans une famille de griots, conteurs gardiens des traditions et de l’histoire orale du Mali.
« Un peuple sans culture est un peuple qui n’a pas d’âme », a déclaré un jour Diabaté à 42mag.fr. « Il faut défendre la culture. Le Mali est le cœur de la culture dans le monde. C’est très important. »
Il a collaboré avec le légendaire chanteur malien Ali Farka Touré ainsi qu’avec la pop star islandaise Björk, le chanteur britannique Damon Albarn et bien d’autres.
« Il a mélangé la kora à tous les genres musicaux », a déclaré le critique musical malien Mory Touré. « Si aujourd’hui la kora est connue et fait partie de différents genres musicaux… c’est à cet homme que nous le devons. »
Lucy Duran, ethnomusicologue à l’Université de Londres, spécialiste de la musique malienne, a confié à 42mag.fr avoir été « émerveillée par sa virtuosité ».
« Il avait beaucoup de mélodies. Il était créatif, respectueux des traditions précoloniales – presque comme de la musique classique, avec du contrepoint, des harmonies, de la beauté, de la richesse. C’était extraordinaire, franchement. »