En exposant les aspects méconnus de la production de « The Kid », cette exposition met en lumière la manière dont ce film, dirigé par Chaplin en 1921, s’avère être son œuvre la plus personnelle et autobiographique.
Chaque été, la commune de Cannes célèbre les icônes du cinéma au sein d’un musée temporaire situé au Palais des Festivals. Après avoir mis à l’honneur Goscinny, Louis de Funès et Romy Schneider, c’est maintenant le célèbre Charlie Chaplin qui est mis en avant jusqu’au 25 août, à travers une exposition dédiée à son premier moyen-métrage, The Kid.
Conçue avec Yves Durand, le concepteur du parc muséal Chaplin’s World à Corsier-sur-Vevey en Suisse, l’exposition illustre comment Chaplin s’est inspiré de sa propre enfance difficile pour narrer l’histoire de Charlot qui prend sous son aile un jeune orphelin.
L’exposition plonge les visiteurs dans le Londres du XIXe siècle et leur permet de comprendre les conditions dans lesquelles a grandi Charlie Chaplin. La chambre de Charlot et du Kid ressemble étonnamment à celle où le créateur a vécu durant son enfance. Le sentiment d’abandon éprouvé par le jeune garçon résonne avec l’expérience personnelle de Charlie.
Son père est décédé alors qu’il avait 12 ans, et sa mère, quant à elle, souffrait de troubles mentaux et a été hospitalisée à plusieurs reprises. Pourtant, elle a toujours occupé une place importante dans la vie de Chaplin. Les lettres émouvantes échangées entre mère et fils, exposées au public, témoignent de ce lien si fort.
Un drame personnel et une rencontre décisive
L’un des événements traumatisants de la vie de Chaplin a peut-être été le catalyseur de la création de The Kid. Sa jeune épouse, Mildred, a donné naissance à un enfant qui, hélas, est décédé après trois jours. Cette tragédie a permis à Chaplin de sortir du blocage créatif qui l’accablait à ce moment-là.
Peu après cette perte, il se met à imaginer l’histoire d’un Charlot qui devient le père adoptif d’un enfant abandonné. C’est par le plus grand des hasards qu’il croise celui qui allait interpréter cet enfant lors d’une performance dans un cabaret. Cet artiste présente son fils de 4 ans sur scène, un petit garçon plein d’énergie et remarquablement doué pour les mimétismes : Jackie Coogan.
Une complicité authentique s’est alors établie entre l’enfant et le réalisateur. Cette collaboration marqua le début de la carrière cinématographique de Jackie. Bien qu’il n’ait jamais retrouvé l’éclat des films de Chaplin, il a néanmoins pris part à des productions à succès. Le parcours de Jackie est également marqué par des épreuves, car, après la mort tragique de son père, sa mère et son beau-père lui ont subtilisé une grande partie de sa fortune.
Comme le souligne Maud Boissac, responsable de la cultura de Cannes, le procès intenté par Jackie Coogan contre ceux qui l’avaient spolié aboutira à la création en 1939 de la loi Coogan, qui protège le revenu des enfants acteurs jusqu’à leur majorité.
Une exposition interactive
D’une richesse exceptionnelle, cette exposition offre également onze espaces thématiques, intégrant des installations multimédias, projections et ateliers participatifs.
Ainsi, l’espace Nickelodéon simule une salle de cinéma vintage où plusieurs courts-métrages de Chaplin sont projetés. Un autre espace propose des spectacles de lanterne magique, ces ancêtres du cinéma qui ont tant fasciné Chaplin durant sa jeunesse. Cette installation a été réalisée en partenariat avec le musée de l’appareil photographique de Vevey, en Suisse.
« The Kid, Charlie Chaplin », jusqu’au dimanche 25 août 2024
Palais des Festivals et des Congrès, 1 boulevard de la Croisette, Cannes
Tous les jours de 14h à 22h, tarifs : de 2,50 à 4,50 euros