En 2019, l’acteur a commencé à connaître une phase de déclin, après avoir subi un accident vasculaire cérébral (AVC) accompagné d’un hématome sous-dural aigu.
« La mort me fait moins peur que l’impuissance, la maladie me terrifie (…) Je désire passer de l’autre côté sans en avoir conscience. » Voici ce que révélait déjà Alain Delon à l’âge de 45 ans, comme l’indique l’émission « Beau geste » de France 2. L’acteur, décédé le dimanche 18 août à l’âge de 88 ans, a connu un véritable crépuscule douloureux, finissant ses jours dans son domaine de Douchy (Loiret) dans un état de santé précaire, sous la tutelle d’un curateur désigné par la justice.
Un AVC suivi d’un hématome sous-dural aigu, survenu à l’été 2019, a marqué le début de la descente de l’acteur. À l’époque, il avait 83 ans et luttait aussi contre un lymphome de type B, une forme de cancer affectant le système lymphatique. Après une opération à la Pitié-Salpêtrière à Paris, il a passé trois semaines en soins intensifs avant de se reposer dans une clinique en Suisse.
Suite à cet événement, la légende du cinéma n’a plus effectué de sorties publiques, se contentant de quelques nouvelles apportées par ses enfants à travers des photos postées sur les réseaux sociaux. Néanmoins, il a fait une rare apparition, avec une béquille, aux côtés de son fils Anthony, pour rendre un dernier hommage à Jean-Paul Belmondo en septembre 2021. Chaque année, il continuait aussi à envoyer un hommage aux femmes de sa vie disparues, célébrant leur mémoire aux anniversaires de leur passage.
« Parfois il est présent, parfois absent »
À l’été 2023, une détérioration rapide de sa santé a eu lieu, dans un contexte de tensions sévères entre ses enfants et sa compagne, Hiromi Rollin, qui l’assistait à Douchy-Montcorbon, à 120 km de Paris. Les enfants d’Alain Delon ont alors formulé des plaintes pour des violences sur personne vulnérable et abus de faiblesse à l’encontre de Hiromi Rollin. Cela a engendré plusieurs mois de conflits juridiques et médiatiques entre Anouchka, Anthony et Alain-Fabien Delon, ses trois enfants, concernant sa prise en charge, que ce soit en Suisse ou en France, avant que la justice n’intervienne pour désigner un médecin chargé d’évaluer son état de santé, déjà très fragilisé.
En janvier, son fils Anthony a décrit son père comme étant « affaibli » et incapable de « supporter de se voir ainsi, en déclin ». Il a précisé : « Il parle peu, cela le fatigue ou l’irrite quand on lui demande de répéter, sa voix n’étant plus toujours claire, » a-t-il dit. « Parfois, il est ici, parfois il est ailleurs. Certains jours, il va bien, d’autres non (…) Il se rend compte, mais oublie, et se perd dans ses pensées. La plupart du temps, nous ne savons pas ce qui se passe réellement dans son esprit. » Son frère Alain-Fabien a confirmé ce constat.
« C’est moi qui ai vécu, pas une façade artificielle »
Huit mois avant son décès, il a été placé sous la « sauvegarde de justice » par un juge des tutelles en raison de la lourdeur de ses traitements. Cette mesure a désigné un mandataire judiciaire devant l’assister pour ses soins médicaux et le choix de ses praticiens. Au printemps suivant, cette mesure a été portée à « curatelle renforcée », imposant des restrictions supplémentaires sur sa capacité à gérer ses biens et permettant de prendre certaines décisions concernant sa santé. Anouchka Delon a alors qualifié cette intervention de « excessive. » Elle affirme : « Il n’est pas devenu fou. » Son avocat, Frank Berton, a ajouté qu’il « suit l’actualité et s’exprime. »
En avril, il a personnellement rédigé la préface d’un ouvrage qui lui était dédié, intitulé Alain Delon, Amours et Mémoires, écrit par Denitza Bantcheva. Il a écrit : « L’amour m’a toujours poussé à me surpasser. » Dans ce livre, il exprime son désir d’avoir été « le meilleur, le plus beau, et le plus fort. » Par ailleurs, en 2018, sur le plateau de l’émission « Thé ou café » de France 2, il avait confié son souhait concernant l’épitaphe qu’il aurait aimé voir gravée sur sa tombe : « J’ai aimé souvent. Je me suis trompé quelquefois. Mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, pas un être fictif créé par ma vanité et mon ennui. ».