Un important syndicat de pilotes français appelle à la grève ce jeudi pour protester contre une proposition du gouvernement visant à tripler le prélèvement sur les billets d’avion dans le cadre d’un plan plus large visant à combler un trou dans le budget de l’État français. L’augmentation prévue devrait rapporter jusqu’à 1 milliard d’euros par an au gouvernement, mais les syndicats affirment que cela entraînera des pertes d’emplois.
Le préavis de grève – qui concerne Air France ainsi que d’autres compagnies aériennes dont les pilotes ont des contrats de travail français – intervient alors que le gouvernement tente de faire adopter son projet de budget pour l’année prochaine, malgré l’absence de majorité au Parlement.
« Cette taxe supplémentaire entraînera à terme des dizaines de milliers de suppressions d’emplois en France », a déclaré dimanche le syndicat SNPL dans un communiqué.
« Ce désastre social ira de pair avec un affaiblissement des opérateurs français ou opérant régulièrement en France par rapport à leurs concurrents européens et internationaux », ajoute-t-il.
L’augmentation proposée par le gouvernement de la taxe aérienne s’appliquera aux vols à destination ou en provenance de la France à partir de janvier 2025, mais exclura les territoires français d’outre-mer et la Corse.
Le prix d’un billet en classe économique augmenterait entre 2,60 € et 9,50 € par passager pour les vols intra-européens et jusqu’à 40 € pour les vols long-courriers.
Les billets en classe affaires pour les vols long-courriers pourraient connaître des augmentations allant jusqu’à 120 €.
Une taxe de solidarité contestée
Ces augmentations reflètent un besoin urgent d’augmenter les recettes fiscales à des fins environnementales.
Tripler la taxe actuelle, notamment pour les vols long-courriers, devrait générer des recettes supplémentaires d’un milliard d’euros l’année prochaine.
La mesure a été incluse dans la version actuelle du projet de budget d’austérité par le biais d’un amendement.
Cependant, il fait l’objet de marchandages politiques entre une Assemblée nationale sans majorité, un Sénat contrôlé par les conservateurs et le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier. Il est donc difficile de savoir si ce prélèvement fera partie du texte final du budget.
En mai, une grève des contrôleurs aériens à l’aéroport d’Orly en raison d’un manque de personnel a entraîné d’importantes perturbations des vols, mais il reste à voir combien de pilotes pourraient se retirer jeudi ou comment les horaires des vols pourraient être affectés.
Les hausses d’impôts proposées ont suscité la colère dans le secteur de l’aviation de manière plus générale.
Air France-KLM a annoncé jeudi une baisse plus importante que prévu de son résultat opérationnel trimestriel et a prévenu que les coûts cette année seraient plus élevés que prévu.
Air France-KLM a déclaré que la proposition française d’augmenter la taxe de solidarité sur les billets d’avion pourrait peser sur son résultat opérationnel de 90 à 170 millions d’euros en 2025.
« La conséquence directe pourrait être des tarifs plus élevés, ce qui pourrait rendre le transport aérien moins accessible aux clients de notre propre marché », a déclaré à la presse le PDG du groupe, Benjamin Smith.
(avec fils de presse)