Les syndicats français de nombreux secteurs appellent à des grèves et à des manifestations dans les semaines à venir, motivés par la frustration suscitée par les licenciements prévus et les réformes budgétaires. Le gouvernement a proposé 60 milliards d’euros de réductions et d’augmentations d’impôts pour réduire la dette du pays.
Les travailleurs des compagnies aériennes, des chemins de fer, du secteur public et d’autres industries se préparent à l’action alors qu’ils se préparent à une vague de pertes d’emplois et de réductions de dépenses.
« Nous sommes au début d’une violente effusion de sang industrielle », a déclaré à l’hebdomadaire Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. La Tribune Dimanche.
La CGT estime qu’au moins 150 000 emplois pourraient être supprimés dans les années à venir, créant potentiellement un « effet domino » qui pourrait impacter les sous-traitants.
Les grèves proposées surviennent alors que les députés continuent de débattre du projet de budget, qui vise à réduire le déficit à 5 pour cent l’année prochaine. Le déficit courant de la France se situe au-dessus de 6 pour cent, soit plus du double de la limite de 3 pour cent fixée par l’UE.
Le plan du Premier ministre Michel Barnier vise à lever 60 milliards d’euros, dont 20 milliards d’euros provenant de nouvelles taxes et 40 milliards d’euros de réductions.
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Taxe aérienne
Le syndicat des pilotes SNPL a ouvert le bal avec une grève jeudi pour protester contre le projet de tripler la taxe aérienne sur les vols à destination et en provenance de la France.
Le nouveau prélèvement, qui devrait entrer en vigueur en janvier 2025, vise à lever 1 milliard d’euros par an. Le SNPL a prévenu que cette taxe entraînerait probablement des suppressions d’emplois.
Les syndicats de la SNCF ont également appelé à une grève illimitée à partir du mois prochain, ce qui pourrait perturber le service ferroviaire pendant les prochaines vacances de Noël.
Les syndicats demandent l’arrêt du démantèlement prévu de la division fret de la SNCF, Fret SNCF, et résistent aux conditions liées à l’ouverture à la concurrence des lignes régionales de transport de voyageurs. Une grève plus courte est prévue du 20 au 22 novembre.
Dans la fonction publique, les syndicats FO et CGT ont appelé à la grève suite à une réunion infructueuse avec le ministre de l’Administration publique Guillaume Kasbarian, avec une mobilisation probable début décembre.
Le gouvernement a averti que plus de 3 000 emplois dans le secteur public pourraient être supprimés, parallèlement à des règles plus strictes en matière de congés de maladie.
L’absentéisme dans le secteur public aurait augmenté, les jours perdus passant de 43 millions en 2014 à 77 millions en 2022.
Les syndicats ferroviaires français appellent à la grève à l’approche des vacances de Noël
Problèmes commerciaux
Les agriculteurs prévoient également de nouvelles manifestations à Paris et à Bruxelles la semaine prochaine contre l’accord commercial du Mercosur entre l’UE et le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.
L’accord, d’une durée de 25 ans, créerait la plus grande zone de libre-échange au monde, mais les agriculteurs français craignent un afflux de produits agricoles bon marché. Barnier a qualifié l’accord d’« inacceptable pour la France ».
La situation économique des entreprises privées en France s’est aggravée la semaine dernière lorsque deux grands employeurs ont annoncé des licenciements.
Le fabricant de pneumatiques Michelin a annoncé la fermeture de deux usines dans l’ouest de la France d’ici 2026, impactant 1 254 salariés.
Michelin, qui emploie près de 19 000 personnes en France, a imputé la concurrence des constructeurs asiatiques et la « détérioration de la compétitivité » de l’Europe en raison de la hausse de l’inflation et des coûts de l’énergie.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a déclaré que le gouvernement « ferait tout ce qui est en son pouvoir pour aider à trouver un acheteur » pour les sites.
La chaîne de supermarchés Auchan a également annoncé qu’elle supprimerait 2 389 emplois en raison de pertes massives, notamment la fermeture d’une dizaine de magasins.
Franck Martineau, délégué syndical FO d’Auchan Retail, a qualifié cette décision de « catastrophique » : « Cela va laisser de très nombreux salariés et familles en difficulté ».
Les agriculteurs français prévoient de nouvelles manifestations à l’approche d’un accord commercial avec le Mercosur
Budget rejeté
Mardi, les députés français ont rejeté le projet de budget du gouvernement, lourdement amendé par des augmentations d’impôts menées par l’opposition.
« Une majorité de députés rejette à la fois les coups budgétaires et l’impossibilité pour la France de respecter ses engagements européens », a déclaré le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
Le gouvernement minoritaire de Barnier dispose désormais d’une marge de manœuvre pour soumettre un texte révisé au Sénat, où un compromis final pourrait être trouvé.
Alors que les agences de notation mondiales envisagent de dégrader la note de crédit de la France, Barnier espère restaurer la confiance dans la stabilité économique du pays.
Un abaissement de la note pourrait augmenter le coût de la dette française, qui coûte actuellement 50 milliards d’euros par an – juste derrière l’éducation en termes de dépenses publiques.
