Chaque jour, Élodie Suigo reçoit une personnalité dans son univers. Ce mercredi 20 novembre 2024, c’est la comédienne et productrice Camille Razat qui vient à sa rencontre. Elle joue dans le film « Prodigieuses », réalisé par Frédéric et Valentin Potier, dont la sortie est prévue pour ce même mercredi 20 novembre.
Camille Razat a d’abord attiré l’attention par sa carrière de mannequin avant de se lancer dans le métier d’actrice. Elle a fait ses débuts à la télévision dans la série Disparue diffusée sur France 2. Après un passage par le théâtre, elle est devenue une figure connue à l’international grâce à son rôle dans la série à succès de Netflix, Emily in Paris, où elle incarne une jeune femme prénommée Camille. Ce rôle prestigieux a ouvert la voie à un contrat en tant qu’ambassadrice pour une grande société de produits de beauté. Souhaitant affirmer son indépendance, elle a fondé sa propre maison de production il y a deux ans, une démarche qui a beaucoup compté pour elle. Actuellement, elle joue dans le film Prodigieuses, réalisé par Frédéric et Valentin Potier, une œuvre inspirée de la vie des sœurs jumelles Audrey et Diane Pleynet, renommées dans le film les sœurs Vallois.
42mag.fr : Dans Prodigieuses, vous incarnez Claire Vallois, la plus rebelle des deux sœurs. Pouvez-vous nous parler de leur parcours exceptionnel ?
Camille Razat : Tout à fait. Audrey et Jeanne Pleynet se trouvaient en bonne voie pour devenir des pianistes mondialement reconnues. Cependant, un coup du sort les a affectées : la survenue d’une maladie encore incurable à ce jour. Pour donner une image, à l’âge de 20 ans, leurs os étaient ceux d’une personne de 75 ans, ce qui a entravé leurs carrières. Malgré cet obstacle, elles n’ont pas renoncé. Elles se sont dit : « Nous ne serons peut-être pas les meilleures, mais c’est notre passion et nous ne pouvons vivre sans elle. » Elles ont ainsi développé une technique unique à quatre mains où elles se répartissent les partitions, une méthode qu’elles seules maîtrisent.
Le film met en lumière le fait que leur père les a tellement poussées qu’il leur est parfois devenu insupportable. Cette relation intense constitue le cœur du film. Comment ce soutien paternel a-t-il influencé leur réussite ?
Effectivement, le père était très exigeant et projetait un peu de ses propres rêves non réalisés sur elles, car il avait été un plongeur en apnée de haut niveau. Cependant, une blessure l’a empêché de poursuivre ses ambitions, et il a donc mis ses espoirs en ses filles. Tout cela se fait dans un esprit bienveillant mais exigeant, ce qui a contribué à forger leur force mentale et leur capacité à surmonter la maladie pour devenir de talentueuses pianistes.
Qu’est-ce que vos parents vous ont transmis pendant votre enfance ?
Mon père n’était pas aussi autoritaire, mais il avait une approche similaire dans le domaine du sport car je montrais des aptitudes. Il m’encourageait, et ma mère me soutenait en m’accompagnant partout. En observant cette dynamique, on trouve des parallèles avec le film. Le dépassement de soi est un concept qui me touche profondément, tout comme la passion, car je ne fais jamais les choses à moitié.
« Mon moteur, c’est la passion… Et la peur. Je vais là où j’ai peur parce que je me dis que c’est là où il faut aller. »
Camille Razatà 42mag.fr
Seriez-vous parfois trop perfectionniste ?
Absolument, je tends vers le perfectionnisme.
Cet aspect perfectionniste peut parfois amener à négliger son propre bien-être. Réussissez-vous à savourer l’instant présent ?
Ça a motivé la création de ma maison de production, pour garder la flamme de la passion vivante dans un cadre sain et collaboratif. Être actrice signifie souvent attendre qu’une opportunité se présente. Mais j’adore la collaboration, d’où la création de Tazar, qui me permet d’explorer des histoires que je souhaite raconter avec des personnes que j’apprécie.
Est-ce aussi un choix de carrière personnel ?
Certainement, les choix font partie de la carrière.
« Les ‘non’ sont plus importants que les ‘oui’ et je dis souvent ‘non’. »
Camille Razatà 42mag.fr
Pour Emily in Paris, était-ce une décision évidente de dire ‘oui’ ?
Pour Emily in Paris, j’ai su dès le début que c’était un projet spécial, avec Darren Star, le créateur de Sex and the City et Beverly Hills 90210. J’avais beaucoup aimé ces séries et je savais que cela aurait un impact. Je crois aussi au destin et aux signes ; le personnage s’appelait Camille, ce qui est aussi mon prénom, et Émilie, qui est mon second prénom, ce qui était un petit clin d’œil du destin.
Vous avez débuté dans Disparue sur France 2, où vous interprétiez la disparue. Avez-vous toujours ressenti cette dualité de disparaître pour mieux réapparaître ?
Je n’en suis pas sûre, mais enfant, j’ai toujours eu le sentiment que quelque chose m’attendait. Je pensais d’abord que ce serait dans le mannequinat, mais cela n’a pas suffi à mon bonheur intellectuel. J’ai su qu’il me fallait explorer d’autres voies, que ce soit le journalisme, la photographie ou le jeu vidéo. J’ai toujours eu l’impression que ma destinée serait liée au monde de l’image, même sans en être pleinement consciente.
Prodigieuses est à l’affiche, un film porteur d’espoir qui montre qu’il ne faut jamais abandonner.
C’est un film destiné à un large public. Aux avant-premières, on voyait des spectateurs de 7 à 75 ans, et parfois plus. C’était formidable. C’est une œuvre familiale avec un message fort dans un monde où l’on nous pousse toujours à être les meilleurs. Cela fait du bien de faire les choses par passion.