Samedi, à l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération, le président de la République, qui s’est fait discret depuis la formation du nouveau gouvernement, se trouve à Strasbourg.
Emmanuel Macron ressent-il déjà le besoin de bouger ? Depuis que le gouvernement Barnier a pris ses fonctions, le président de la République se fait très discret. Cette semaine, il n’a pas participé au Congrès des maires et a accordé peu voire aucune interview aux médias. Il semble se placer en retrait sur la scène nationale, concentrant ses efforts sur des enjeux internationaux majeurs tels que le Mercosur et la Russie, tout en participant à divers événements commémoratifs.
Ce samedi 23 novembre, Emmanuel Macron se rend à Strasbourg pour marquer les 80 ans de la Libération. Ce déplacement est l’occasion pour lui d’assumer pleinement ses nouvelles responsabilités.
En retrait mais « branché sur les battements de cœur du pays »
Le naturel d’Emmanuel Macron a beau être caché, il finit toujours par émerger. Un incident révélateur de cela s’est produit à Rio, où l’on a pu voir un président français « imprévisible », d’après un de ses amis. À la suite d’une question sur la situation à Haïti, Macron, en simple chemise, a exprimé son désarroi au sujet du limogeage du Premier ministre haïtien en déclarant : « C’est terrible. Ils sont complètement bêtes ». Cette scène, contredisant la stratégie de silence cultivée par l’Élysée, a largement circulé sur les réseaux sociaux.
Un proche d’Emmanuel Macron, en se lamentant, le compare à « OSS 117 ». Un membre du gouvernement confirme : « Même lors des réunions ministérielles, il écoute mais reste silencieux ». Un ancien ministre ajoute : « Il est lié par la Constitution, son rôle est limité ».
Cependant, ceux qui l’entourent affirment que Macron est encore « sensible aux vibrations du pays » entre ses nombreux déplacements. À peine revenu d’Amérique latine, son prochain voyage est prévu début décembre en Arabie Saoudite. Par ailleurs, il envoie régulièrement des messages à des « contacts », comprenant des maires et des députés qu’il invite parfois à déjeuner. On lui a même conseillé de visiter une ville touchée par les inondations, à l’instar du roi d’Espagne, mais l’idée n’a pas été retenue.
Il rencontre des membres du gouvernement, comme Bruno Retailleau, à la tête de Beauvau, et Catherine Vautrin, responsable des territoires. Macron délivre également ses opinions sur des sujets comme le Mercosur, assurant que la France ne signera pas sans ajustements (clin d’œil aux agriculteurs mécontents) ou défend l’unité politique de son camp au moment où Gabriel Attal s’apprête à devenir le chef du parti Renaissance, qu’il a fondé. Un de ses proches croit fermement que Macron restera « une présence constante dans la vie politique ».
Un acteur essentiel pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame
Dans les semaines à venir, Emmanuel Macron vise à apparaître comme un rassembleur. Il a déjà commencé, même à l’autre bout du globe, en appelant à la « stabilité » face à la menace de Marine Le Pen de voter une motion de censure contre le Premier ministre Michel Barnier. Pourtant, récemment, lors de différentes rencontres à l’Élysée ou au salon de l’Automobile, il n’a pas caché son désaccord avec les augmentations d’impôts, malgré son rôle économique de longue date. « Sept ans de présidence et dix ans dans les rouages économiques du pays, c’est un changement notable, » plaisante un associé.
L’Élysée tire parti du déplacement prévu samedi pour commémorer les 80 ans de la Libération de Strasbourg et honorer Marc Bloch, résistant et historien, dans le but d’« invoquer l’esprit de conquête, voire de reconquête, plutôt que celui de la défaite ». Lundi 25 novembre, à midi, il remettra les insignes de commandeur de la Légion d’honneur à Élisabeth Borne, ancienne Première ministre. « Il reste en bons termes avec ses anciens collègues », plaisante un député.
Le vendredi 29 novembre marque sa dernière visite avant la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, prévue le 8 décembre. Le président y sera très présent avec un discours sur le parvis pour célébrer « une réussite française », rendant hommage au génie constructeur du peuple. Ce sera aussi l’occasion de rappeler qu’il a tenu sa promesse de reconstruction en cinq ans.