Franceinfo a eu l’opportunité unique d’être présent lors d’une rencontre ouverte au public orchestrée par l’ex-ministre de l’Intérieur dans la région des Yvelines. Gérald Darmanin affiche clairement son ambition de jouer un rôle significatif lors de la prochaine élection présidentielle.
Avec de grandes ambitions en tête, Gérald Darmanin est convaincu qu’il jouera un rôle clé en politique jusqu’en 2027 à l’occasion de la prochaine élection présidentielle. L’ex-ministre de l’Intérieur parcourt actuellement la France dans le cadre de sa tournée. Grâce à son nouveau mouvement baptisé « Populaires ! », il aspire à s’imposer comme un élément perturbateur de la scène politique. 42mag.fr a eu l’exclusivité de participer à une rencontre publique qu’il a organisée à Poissy, près de Paris, où l’on pourrait presque dire qu’il mène campagne.
Réunions discrètes et dialogues sans détour
« Mon objectif ici n’est pas de prononcer un long discours ; l’idée est plutôt de renverser la pyramide habituelle. Dans la Rome antique, il y avait une journée par an où les dirigeants devenaient dirigés par le peuple », explique-t-il aux participants. Ce n’est pas un grand rassemblement classique, mais une simple rencontre au cœur d’une zone industrielle, tenue dans un restaurant à l’apparence modeste. Le bleu sombre orne le nom de son mouvement, « Populaires », affiché un peu partout dans la salle. Des sièges éparses et un micro capricieux ajoutent à l’ambiance intimiste. Rien n’est laissé au hasard pour séduire la centaine d’entrepreneurs présents ; Gérald Darmanin arbore même une cravate qu’il délaisse généralement chez lui à Tourcoing, marquant un clin d’œil à l’univers des chefs d’entreprise français.
« Je dirige une parfumerie à Poissy depuis 23 ans. Chaque mois, en voyant les fiches de paie, je fulmine en constatant la différence entre le brut et ce qui reste pour mes employés », confie une participante. « Le problème est que ni le travail ni la France ne font rêver », ajoute un autre. Gérald Darmanin écoute attentivement, hausse un sourcil et prend des notes. Ces réunions, presque confidentielles, permettent des échanges francs et directs. 42mag.fr est le seul média admis dans cette rencontre.
Malgré cela, Gérald Darmanin ne cherche pas à critiquer directement l’actuel gouvernement. « Je ne suis pas ici pour gêner le gouvernement actuel ; je ne me focalise pas sur le présent », dit-il. « Faire de la politique présente des défis, surtout lorsqu’on occupe un poste de ministre — cela peut paraître surprenant — car il faut à la fois agir et réfléchir. » Il s’intéresse surtout à des idées potentiellement divisives comme les retraites par capitalisation, l’élimination de certaines subventions comme la prime d’activité, la révision des systèmes de cotisations, ou encore l’instauration d’une TVA sociale. Derrière les idées de Gérald Darmanin, se cache la recherche d’une niche politique.
« Bousculer le système »
Gérald Darmanin semble avant tout agir pour lui-même, et sa stratégie semble fructueuse. Ce qui devait être un débat d’idées se transforme en une campagne de séduction ponctuée de selfies. L’ancien ministre accepte volontiers les éloges. « On sent que c’est le commencement de quelque chose, » commente un homme parmi la foule. « C’est facile de critiquer les politiciens, mais il a le courage de venir sur le terrain. » Au cours des sept dernières années, Gérald Darmanin a multiplié les apparitions publiques, mais désormais il mise sur la réserve pour maximiser l’impact de ses actions.
« Il est crucial de proposer un projet révolutionnaire, radical, pas dans le sens extrémiste, mais dans le sens de transformation profonde. Il s’agit de faire bouger le système, et cela pour quiconque saura saisir l’opportunité. »
Gérald Darmaninà 42mag.fr
Ses confidences sont rares, mais dans une interview sur 42mag.fr, celui qui est redevenu simple député du Nord n’hésite pas à prendre du recul. « Je suis revenu au contact de la population. Je doute qu’en dirigeant un parti ou un groupe parlementaire, et en me concentrant uniquement sur les discussions parlementaires actuelles, j’arriverai à faire avancer les choses. » Ceci pourrait prêter à réflexion pour Gabriel Attal, pressenti pour diriger le parti Renaissance.
« Un écart croissant s’est creusé entre les citoyens et la classe politique. Il y a deux approches possibles. Soit on considère qu’il faut réprimer la colère populaire, une position moraliste souvent adoptée par une certaine gauche, parfois même par nous chez Renaissance, avec une tendance à juger de loin. On impose des leçons. Soit on accepte que cette colère ne peut être ignorée. Il est crucial de guider cette colère, d’insister sur le fait que l’extrémisme n’est pas la solution, mais qu’effectivement, il faut des transformations radicales pour changer le système. »
Changer le système, c’est le défi que Gérald Darmanin entend relever, notamment dans un livre dont la sortie est prévue pour le printemps prochain et qu’il confie écrire un peu chaque matin. Il exposera aussi ses idées lors de la convention de son mouvement « Populaires » le 10 décembre prochain dans un grand théâtre parisien, avec l’intention de montrer sa capacité de mobilisation.
