Le président Emmanuel Macron cherche une issue à la crise politique française après que Michel Barnier soit devenu le premier Premier ministre à être évincé du Parlement depuis plus de six décennies. Ce bouleversement ne laisse aux législateurs que 70 jours pour débattre d’un nouveau plan budgétaire pour 2025, après que le précédent ait été abandonné par un vote de censure.
Barnier a officiellement démissionné jeudi matin, plongeant la France dans sa deuxième crise politique majeure en six mois.
Cela a eu lieu au lendemain d’un vote de confiance qui a annulé le plan d’austérité de 60 milliards d’euros du gouvernement que Barnier avait imposé au Parlement en utilisant ses pouvoirs exécutifs dans le but de réduire l’énorme déficit de la France.
Présentée par l’extrême gauche et soutenue par l’extrême droite à l’Assemblée nationale, la motion a vu une majorité de 331 députés sur les 577 membres de la chambre choisir de renverser le gouvernement – une première depuis 1962.
Incertitude financière
Le bouleversement politique a laissé la France sans budget à long terme, déclenchant un renouvellement automatique du plan financier actuel jusqu’en 2025.
Les législateurs disposent désormais d’un délai restreint de 70 jours pour proposer, débattre et adopter un nouveau plan.
Si un nouveau budget n’est pas approuvé à temps, le pays risque une plus grande instabilité financière. Le gouvernement démissionnaire peut présenter un projet de loi spécial pour continuer à percevoir les impôts, mais il doit être présenté avant le 19 décembre.
Les coûts d’emprunt de la France ont déjà grimpé en flèche, dépassant brièvement ceux de la Grèce en début de semaine – traditionnellement considéré comme un investissement beaucoup plus risqué – alors que les investisseurs deviennent nerveux face à l’impasse politique.
La France a « l’un des pires déficits » de son histoire, selon le ministre
Un nouveau PM attendu
Un gouvernement intérimaire restera en place pour s’occuper des affaires quotidiennes jusqu’à ce qu’un nouveau Premier ministre soit nommé.
Une source proche de Macron a déclaré que le président n’avait « pas d’autre choix » que de nommer un nouveau Premier ministre dans les 24 heures. Il a prévu une allocution nationale jeudi à 20 heures, heure locale, a indiqué l’Elysée.
Alors qu’il reste plus de deux ans à son mandat présidentiel, certains opposants – mais pas tous – appellent Macron à démissionner.
Tout nouveau Premier ministre serait confronté aux mêmes défis que Barnier pour faire adopter des projets de loi, y compris le budget 2025, par un parlement divisé. Il ne peut y avoir de nouvelles élections législatives avant juillet.
Compte tenu des turbulences, le nouveau candidat risque désormais d’exercer un mandat encore plus court que celui de Barnier, dont le mandat a été le plus court de toutes les administrations depuis le début de la Cinquième République en 1958.
Le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, son allié centriste François Bayrou et l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve sont considérés comme des candidats potentiels à ce poste.
Marine Le Pen, leader du Rassemblement national d’extrême droite, a déclaré que son parti coopérerait avec le prochain gouvernement pour créer « un budget acceptable pour tout le monde ».
Une vague de grèves se prépare alors que le budget français coupe en colère les syndicats
L’hiver des grèves
L’incertitude financière survient alors que la France se prépare à des grèves généralisées. Les enseignants, les contrôleurs aériens et d’autres fonctionnaires débrayent jeudi en raison de mesures distinctes de réduction des coûts.
Les agriculteurs, à qui le budget 2025 avait promis des réformes administratives, prévoient des manifestations la semaine prochaine pour exprimer leur colère.
Les grèves devraient perturber les écoles, les transports et les services publics, aggravant ainsi le sentiment de crise qui sévit dans le pays.