Lors de l’audience de mardi, l’actrice a brusquement quitté la pièce après avoir lancé un « ferme ta gueule » à l’adresse de Christophe Ruggia, qui était poursuivi pour agressions sexuelles. À l’époque des faits reprochés, Adèle Haenel avait entre 12 et 14 ans. Le ministère public a réclamé une peine de cinq ans d’emprisonnement, dont deux ans ferme et trois avec sursis, contre le cinéaste.
« Nous avons observé à quel point Adèle Haenel était sensible, avec une peine réelle et une colère qui s’est manifestée durant l’audience », déclare mercredi 11 décembre sur 42mag.fr Maître Yann Le Bras, l’un des avocats de l’actrice. Le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 3 février concernant le réalisateur Christophe Ruggia, jugé lundi et mardi pour agressions sexuelles, qui auraient eu lieu alors qu’Adèle Haenel avait entre 12 et 14 ans. Selon les propos de Yann Le Bras, ce procès fut « d’une grande intensité et tension ».
Durant l’audience de mardi, Adèle Haenel a lancé « tais-toi » à Christophe Ruggia tandis qu’il parlait à la barre, puis a quitté la salle, laissant exploser sa colère. « Il ne s’agit pas d’une performance d’acteur ou d’une colère simulée, c’est une colère vive qui a marqué l’audience », a réagi Yann Le Bras. Une colère « plutôt habituelle et compréhensible du côté des victimes lorsque leur enfance, leur corps ont été volés », explique-t-il.
« Il a transformé la douleur en colère et en dégoût »
Pour Maître Yann Le Bras, cette colère, bien que liée à la souffrance, trouve également ses racines dans les propos de Christophe Ruggia « à partir de 2019 ». Le cinéaste, « qui pendant longtemps se disait fou amoureux de sa jeune actrice », a ensuite commencé à accuser Adèle Haenel de comportements inappropriés, « la décrivant de manière obscène, comme une actrice de films pour adultes, un discours tenu à propos d’une enfant de douze ans », précise l’avocat. « Il a transformé la douleur en colère et en dégoût », ajoute-t-il.
« C’est très difficile d’écouter les justifications, ou plutôt l’absence de justification, de Christophe Ruggia et d’entendre une défense qui n’aborde en rien la personne de Christophe Ruggia mais se concentre uniquement sur Adèle Haenel, ses propos et la manière dont elle les aurait tenus […] , une situation à laquelle elle ne souscrit pas », explique mercredi sur France Culture sa collègue, Anouck Michelin. L’avocate souligne le courage d’Adèle Haenel qui, malgré l’intensité de cette situation, « a écouté et supporté car elle considérait que c’était son devoir en tant que partie civile ». Elle en ressort « épuisée physiquement et moralement ».
« Le fait d’avoir mené jusqu’au bout cette procédure judiciaire et d’avoir entendu les réquisitions du ministère public lui a apporté un certain soulagement, » affirme toutefois Yann Le Bras. Concernant l’opportunité, maintenant, pour Adèle Haenel de reconsidérer son avenir professionnel dans le cinéma et de commencer à se reconstruire, Yann Le Bras l’espère. « Nous qui l’accompagnons depuis cinq ans, qui avons admiré l’actrice avant de découvrir l’authenticité de la cliente, formulons cet espoir, » conclut-il.