Le président Emmanuel Macron nommera un nouveau Premier ministre vendredi matin, a annoncé son bureau, alors que la pression montait pour pourvoir ce poste une semaine après le renversement du gouvernement par les législateurs français.
« Le communiqué nommant le Premier ministre sera publié demain matin », a déclaré jeudi l’Elysée après le retour anticipé de Macron d’un voyage en Pologne.
« Il termine ses consultations », a ajouté un collaborateur du président.
On s’attendait généralement à ce que Macron nomme un nouveau Premier ministre jeudi soir.
Le suspense monte alors que Macron se prépare à dévoiler le nouveau Premier ministre français
Ce nouveau retard, bien qu’il s’agisse d’un retard du jour au lendemain, souligne les défis politiques posés par la fracture de la chambre basse du Parlement, résultat des élections anticipées de juillet.
L’assemblée reste divisée entre une alliance de gauche, des centristes et des conservateurs, et le Rassemblement national (RN) d’extrême droite, ce qui complique les efforts visant à obtenir un gouvernement stable capable de survivre aux votes de censure.

Jeudi, la leader des Verts Marine Tondelier a exhorté Macron à prendre des mesures audacieuses.
« Le public français a besoin d’un peu d’enthousiasme, d’élan, de vent frais, de nouveauté », a-t-elle déclaré dans un entretien à France 2, ajoutant que le président devait « sortir de sa zone de confort ».
Macron rencontre les dirigeants des partis et promet un nouveau Premier ministre dans les 48 heures
L’urgence de nommer un nouveau chef de gouvernement fait suite au vote de confiance de la semaine dernière, qui a évincé l’ancien Premier ministre Michel Barnier.
Son administration, soutenue par les centristes de Macron et les alliés conservateurs de Barnier, a chuté suite à une proposition controversée de réduction des coûts.
Parallèlement, le gouvernement intérimaire de Barnier a approuvé mercredi un projet de loi d’urgence visant à maintenir les fonctions financières essentielles, notamment la collecte des impôts et les emprunts, malgré l’absence d’un plan budgétaire formel pour 2025.
Le gouvernement français sortant présentera un budget « spécial » pour éviter la fermeture
Cette mesure provisoire devrait être adoptée par le Parlement lundi avec un large soutien.
Alors que l’impasse politique persiste, Macron fait face à une pression croissante pour assurer la cohésion du gouvernement tout en évoluant dans un paysage parlementaire fragmenté.
Impasse politique
Celui qui sera nommé sera le sixième Premier ministre du mandat de Macron après le renversement de Barnier, qui n’a duré que trois mois, et sera confronté à un défi immédiat : élaborer un budget devant être adopté par le Parlement.
Sous Macron, chaque Premier ministre a servi de moins en moins de temps au pouvoir et il n’y a aucune garantie pour le nouveau Premier ministre qu’il ne suivra pas ce modèle.
Macron cherche des alliés pour reconstruire le gouvernement après un effondrement historique
Macron reste confronté à l’équation politique complexe qui a émergé des élections parlementaires anticipées : comment protéger un gouvernement contre un vote de censure dans une chambre basse âprement divisée où aucun parti ou alliance n’a de majorité.
Tous les candidats largement présentés jusqu’à présent se sont heurtés à des objections d’au moins un côté de l’échiquier politique.
« Ils sont bloqués », a déclaré un proche de Macron, demandant à rester anonyme et déplorant que « chaque nom soit bloqué ».
« Personne n’est d’accord autour du président », a ajouté la source, espérant que Macron surprendra tout le monde avec un choix inattendu.
Le premier choix de Macron, le centriste vétéran François Bayrou, suscite des inquiétudes à gauche – méfiante quant à la poursuite de la politique du président – et à droite, où il est détesté par l’influent ancien président Nicolas Sarkozy.
Au-delà de Bayrou, les prétendants au poste de Premier ministre comprennent l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, l’actuel ministre de la Défense Sébastien Lecornu, un fidèle de Macron, et l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Autre nom évoqué dans les médias, celui de Roland Lescure, ancien ministre de l’Industrie, mais la nomination de l’ancien socialiste risque d’enflammer la droite.
(Avec les fils de presse)