Ce lundi et mardi, François Bayrou, récemment nommé Premier ministre, rencontre différentes formations politiques pour essayer de rassembler une majorité avant de former son équipe ministérielle. Bruno Retailleau sera-t-il inclus dans cette équipe ? Avec les événements récents, le ministre de l’Intérieur est entièrement mobilisé.
Dans la vie quotidienne de Bruno Retailleau, la censure a peu modifié son emploi du temps. Réunion à Londres consacrée à la crise migratoire, accueil du pape en Corse, et cyclone à Mayotte. Le ministre de l’Intérieur, malgré sa démission, reste l’un des rares à être encore très actif en raison de l’actualité brûlante. Cela lui permet de se montrer essentiel alors que sa position est en jeu, surtout au moment où le nouveau chef du gouvernement intensifie ses démarches pour composer sa future équipe. À l’issue d’une réunion de crise concernant Mayotte, le samedi 14 décembre, le nouveau Premier ministre lui cède même sa place durant une conférence de presse. Un événement marquant où l’on aperçoit François Bayrou, visiblement irrité de ne pas être interrogé sur le sujet, quitter la scène, abandonnant ses ministres, ce qui, intentionnellement ou non, renforce la position de Bruno Retailleau.
Bruno Retailleau est le premier ministre démissionnaire que François Bayrou a reçu le vendredi 13 décembre, quelques heures après avoir été nommé, afin de discuter de leurs visions pour l’avenir. « C’est un signe positif, assure à 42mag.fr un stratège de droite, c‘est la meilleure porte d’entrée vers Les Républicains. » Même si les relations entre leur chef Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau sont tendues, certaines personnalités du parti soutiennent fermement ce dernier. Le puissant président du Sénat, Gérard Larcher, ne cesse de mettre en avant son nom, tandis que Michel Barnier le qualifie en privé de « constant, loyal, efficace du début à la fin ». Selon son entourage, l’ancien sénateur redynamise la droite.
Bruno Retailleau « ravive le dialogue » entre la droite et les Français
Dans son entourage, on est convaincu que sa présence au sein du gouvernement permet à la droite de « raviver le dialogue dans l’esprit des Français », relate l’un de ses proches à 42mag.fr. Auparavant, il fallait « se battre dur pour obtenir une interview, maintenant un simple tweet suffit pour susciter de nombreuses émissions ». Pour certains, cette période a permis à Bruno Retailleau de gagner en visibilité, notamment en démontrant la dissociation entre le président et le Premier ministre. « Il s’est illustré par sa discrétion », considère un élu pro-Macron. Cet espace lui a offert l’opportunité d’aller de l’avant, et son entourage admet qu’il ne s’impose pas « les limites habituelles d’un ministre », et que la menace de censure le pousse à « prendre position et à prendre des risques, dans ce domaine, il est tel un fils de [Nicolas] Sarkozy ».
Va-t-il rester à Beauvau ? Il est trop tôt pour le dire, et son entourage adopte une attitude prudente : « Nous n’en sommes qu’au début des discussions sur la direction globale du gouvernement, et s’il doit mener une politique contraire à ses convictions, il ne restera pas ». Il est notable que le ministre démissionnaire pourrait renoncer à certains textes sur l’immigration, mais qu’il faudra néanmoins traiter ce sujet. Pour François Bayrou, la situation est délicate : maintenir le Vendéen pourrait lui faire perdre le soutien de la gauche, mais sans lui, il pourrait se retrouver sans l’appui de la droite.