Une exposition unique – « Dancing in the Light » – mêle œuvres d’art inspirées de la lumière et spectacles de danse, grâce à la participation d’une douzaine de chorégraphes internationaux.
Capturer la lumière est depuis longtemps une obsession pour les artistes, des peintres impressionnistes aux photographes. Les œuvres exposées dans Dans(e) la lumière constituent à la fois l’inspiration et la toile de fond d’une série de spectacles de danse qui explorent l’interaction entre la lumière, le mouvement et la perception humaine.
L’exposition, organisée par la Fondation Groupe EDF à Paris, juxtapose l’art statique et le mouvement, brouillant les frontières entre l’interprète et le public. Parmi ces interprètes se trouve la célèbre chorégraphe franco-américaine Carolyn Carlson, qui apporte son mélange caractéristique d’improvisation et d’exploration poétique.
« La lumière crée l’espace, l’ambiance, qu’elle soit mystérieuse ou lumineuse », a déclaré Carlson, 81 ans, à 42mag.fr, expliquant que sa fascination pour la lumière est un élément central de son art. « C’est aussi important que la chorégraphie, la musique ou les costumes dans mon travail. Cela crée de la poésie et du mystère. »
Elle a choisi de danser aux côtés de « Lunatique neonly » – une installation à lumière bleue vive de François Morellet, pour sa simplicité et sa géométrie sensuelle. « Cela m’a attiré à cause des cercles », a-t-elle noté. « J’aime l’idée de nombreux demi-cercles pas tout à fait fermés. C’est très sensuel et proche de mon travail de calligraphie. »
Le groupe EDF, le fournisseur public d’électricité français, a constitué une impressionnante collection d’œuvres d’art, dont la lumière est un thème central.
Sont également exposées plusieurs photographies du surréaliste américain Man Ray, tirées de sa série de 1931 intitulée « Electricity ». Utilisant une technique qu’il appelle « rayographe », il rend hommage à l’électricité non seulement comme source d’énergie mais comme sujet artistique en soi.

Il existe également plusieurs lithographies réalisées par l’artiste français Raoul Dufy en 1953 – des études détaillées inspirées de son panorama géant de Paris, « La Fée de l’électricité ». Cette œuvre de 600 mètres carrés a été commandée par la Société de distribution d’électricité de Paris (ancien nom d’EDF) pour une exposition internationale en 1937.
La fresque rend hommage à plus d’une centaine de personnalités historiques et scientifiques, dont Pierre et Marie Curie et le physicien français André-Marie Ampère – fondateur de l’électrodynamique et de l’électromagnétisme.

L’exposition hybride de la Fondation EDF vise également à faire découvrir l’art moderne et la danse à un public qui ne verrait pas forcément ce genre de spectacles, qu’il s’agisse de jeunes écoliers ou de groupes communautaires de personnes handicapées.
Carlson pense que ce type de proximité crée un lien plus profond avec l’art en général. « Lorsque je jouais ici, je pouvais voir les sourires sur les visages des gens », dit-elle. « Dans un musée, l’interaction est beaucoup plus étroite, contrairement à une grande scène où l’énergie doit voyager loin. »
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Cette inclusivité s’étend à l’accessibilité de l’exposition, puisque l’entrée est gratuite – un choix délibéré de rendre l’art accessible à tous.
Agnès Chemama, directrice artistique du programme chorégraphique de l’exposition, explique qu’il s’agit de s’adresser à différents publics, notamment les jeunes : « Pour allumer une étincelle, leur donner confiance pour s’exprimer, les aider peut-être à exister pleinement dans leur corps », comme elle explique.

Les visiteurs peuvent s’attendre à rencontrer une variété de styles de danse, du contemporain à l’urbain, interprétés par des artistes confirmés et émergents. Parmi eux, des noms célèbres comme Angelin Preljocaj, Raphaëlle Delaunay et Mourad Merzouki, aux côtés de talents émergents, comme les adolescents du Groupe Grenade avec une interprétation de la chanson Chambre avec vue par Rône.
« Cette exposition ne porte pas tellement sur des histoires », souligne Carlson. « La danse et la lumière sont des langages que tout le monde peut comprendre », dit-elle. « Il s’agit de perception, de voir la lumière. C’est pour tout le monde – les enfants, les poètes, les philosophes. Chacun en retire quelque chose d’unique. »
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« Dans(e) la lumière » est visible jusqu’au 31 janvier 2025 à la Fondation Groupe EDF à Paris.