Le nouveau dirigeant du gouvernement occupe un total de cinq postes différents. Cependant, il est à noter que plusieurs de ses prédécesseurs à la fonction de Premier ministre avaient également choisi de maintenir leur rôle de maire.
François Bayrou est un homme politique aux multiples casquettes : maire de Pau, ancien haut-commissaire au Plan, président du MoDem, à la tête du Parti Démocrate Européen et président de la communauté d’agglomération Pau Béarn-Pyrénées. Cependant, ce sont principalement ses fonctions de maire qui suscitent la controverse. Le cumul des fonctions de Premier ministre et de maire n’est pas une nouveauté, mais il est peu courant, la dernière fois remontant à 27 ans, avec Alain Juppé qui était simultanément Premier ministre et maire de Bordeaux de 1995 à 1997. C’est en 1997 que Lionel Jospin a exigé que ses ministres renoncent à leurs mandats locaux, rendant cette pratique rare dans la sphère exécutive. Sous la Ve République, certains ont cumulé ces rôles, d’autres ont quitté leur siège de maire tout en restant actifs au niveau local, et certains se sont exclusivement consacrés à Matignon. Voici un tour d’horizon.
Les multiplateaux : Bayrou, Juppé, Chirac…
À présent, c’est François Bayrou qui incarne le rôle de cumulard, avec pas moins de cinq missions en plus de ses responsabilités à Matignon. Sur le plan légal, rien ne l’empêche d’occuper ces postes ni de percevoir les rémunérations qui y sont associées. Néanmoins, le nouvel occupant de Matignon a choisi de renoncer aux émoluments liés au poste de maire, affirmant qu’il assumera ces fonctions « sans l’addition des indemnités ».
Avant Bayrou, Alain Juppé a été le dernier Premier ministre à conserver sa fonction de maire. Dès sa nomination en mai 1995 par Jacques Chirac, Juppé était déjà sur le point de devenir maire de Bordeaux, titre qu’il obtient en juin de la même année. Jusqu’en 1997, il assure également la direction de la communauté urbaine de Bordeaux et préside le RPR.
Remontant aux années 1980, Jacques Chirac cumule les postes de Premier ministre de François Mitterrand entre 1986 et 1988 et de maire de Paris, une fonction qu’il détient de 1977 à 1995. Pierre Mauroy, maire de Lille de 1973 à 2001, exerce en parallèle le rôle de Premier ministre sous François Mitterrand de 1981 à 1984.
Les choix intermédiaires : Castex, Philippe…
Contrairement à Bayrou, d’autres, tels Jean Castex et Édouard Philippe, ont opté pour le renoncement à leurs mandats locaux au moment de leur désignation à Matignon. En 2020, Jean Castex démissionne de son poste de maire de Prades, une fonction qu’il occupait depuis 2008, tout en abandonnant son siège de conseiller départemental, bien qu’il reste impliqué comme conseiller municipal.
Pour Édouard Philippe, maire du Havre de 2010 à 2017, et à nouveau à partir de 2020, le passage à la tête du gouvernement entre 2017 et 2020 l’amène à quitter ses responsabilités de député, de maire, et de président de communauté d’agglomération, arguant qu’être Premier ministre exige un engagement total. Néanmoins, il conserve également sa place de conseiller municipal.
Quant à Gabriel Attal, bien qu’il n’ait jamais été maire, il tient le poste de Premier ministre de janvier à septembre 2024 tout en étant conseiller municipal à Vanves depuis 2014, fonction qui accompagne son statut de député depuis juillet dernier.
Les fervents du devoir : Cazeneuve, Valls, Ayrault…
Sous François Hollande, l’exemple des Premiers ministres ne s’éloigne pas de la norme établie par Lionel Jospin. Bernard Cazeneuve fait figure d’exemple en renonçant à ses mandats locaux dès son entrée au gouvernement en 2012. Initialement maire de Cherbourg depuis 2001, il est nommé ministre de l’Intérieur puis accède à Matignon en 2016.
Manuel Valls, suivant un schéma semblable, abandonne son poste de maire d’Évry dès 2012 à son entrée au gouvernement, avant son passage à Matignon de 2014 à 2016. À l’instar de ses collègues, Jean-Marc Ayrault quitte sa charge de maire de Nantes en 2012 pour entrer au gouvernement, laissant sa place à son remplaçant.
Les autres profils : Barnier, Borne, Fillon, Jospin…
Certains Premiers ministres, tels Michel Barnier et Élisabeth Borne, n’ont pas de mandats locaux en accédant à leur fonction. Michel Barnier quitte plusieurs de ses charges avant son entrée au gouvernement, tandis qu’Élisabeth Borne, avant son arrivée à Matignon en 2022, n’exerçait aucun mandat local, ayant été préfète, présidente de la RATP, puis ministre. Elle occupe depuis un siège de députée.
François Fillon, déjà député de la Sarthe, n’était plus maire lors de sa nomination à Matignon en 2007. Lionel Jospin partage un parcours semblable, étant député de la Haute-Garonne en 1997 à son accession à la primature. Effectivement, l’article 23 de la Constitution française stipule la non-compatibilité de certaines fonctions exécutives et parlementaires.