Depuis son élection en 2022, la représentante de Mayotte a rejoint le groupe Liot au sein du parlement. Elle est reconnue pour son engagement à promouvoir les intérêts de sa région, tout en s’opposant fermement à l’immigration.
Après le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte le 14 décembre, Estelle Youssouffa est devenue une figure incontournable dans les médias. Ce n’est pas surprenant, vu qu’elle incarne à l’Assemblée nationale la première circonscription de l’archipel depuis 2022. Connue pour sa défense énergique et parfois controversée de son territoire, elle a rejoint le groupe Liberté et territoires (Liot) et s’est immédiatement rendue sur place après la catastrophe. Elle était présente lors de la visite d’Emmanuel Macron jeudi pour l’interpeller sur la situation.
Avec des centaines de victimes potentielles, Estelle Youssouffa multiplie les interventions médiatiques pour sensibiliser à la tragédie que vivent les Mahorais et réclamer une réaction de l’État, tout en critiquant le gouvernement. Elle a notamment exprimé son indignation sur les réseaux sociaux, qualifiant de déplacé le choix de François Bayrou de se rendre à un conseil municipal de Pau pendant la crise à Mayotte.
Elle a aussi déploré sur X que le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, ait été le premier officiel sur place, sans que les parlementaires locaux ne soient conviés à l’accompagner.
Une « guerrière » pour l’archipel mahorais
Estelle Youssouffa, qui a remporté les élections législatives de 2024 avec un score impressionnant de 79,48 % dès le premier tour, a débuté en politique après avoir dirigé un collectif de citoyens. Née à Châtenay-Malabry de père mahorais, elle a grandi dans l’archipel. Elle s’est fait connaître du grand public en 2018 lors des manifestations contre l’insécurité. Elle a pris position de façon résolue contre l’immigration en provenance des Comores, ce qui lui a valu de devenir une figure emblématique de ce mouvement à Mayotte.
Bien que son approche soit considérée comme ancrée à droite, elle n’est pas affiliée à un parti et s’engage à travailler avec ceux qui souhaitent améliorer la situation sur l’île. Elle avait déjà signalé avant son élection qu’elle serait prête à collaborer pour des causes spécifiques, tels l’accès à l’eau potable, une problématique qu’elle juge peu considérée dans les programmes nationaux.
À l’Assemblée nationale, Estelle Youssouffa est décrite par le groupe Liot comme une élue déterminée et inébranlable. Elle critique vivement les Comores pour leur rôle passif dans les départs vers Mayotte. En novembre 2022, sur le plateau de « Télématin » sur France 2, elle a évoqué la crainte d’une explosion de violence à Mayotte, demandant des interventions législatives spéciales pour contrer cette menace.
Elle affirme que l’opération Wuambushu, visant à lutter contre les logements insalubres et l’immigration clandestine, s’inspire de ses initiatives.
Son combat contre le droit du sol
Elle estime que les habitants de Mayotte partagent ses vues rigoureuses sur l’immigration, allant jusqu’à appeler les enfants nés de mères comoriennes sur le territoire des « bébés papiers ». En août 2023, elle défendait sur 42mag.fr que l’importante mobilisation en faveur de l’opération contre l’immigration illégale démontrait qu’elle n’était pas seule dans son combat.
Malgré les critiques, même lorsqu’elle est reprise par des figures d’extrême droite, elle persiste dans ses déclarations. Elle a affirmé que l’immigration clandestine constituait le principal problème de l’île, notant que seul le Rassemblement National s’engageait véritablement sur cette question.
Son opposition au droit du sol est également marquante. Début 2024, elle a soutenu le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, dans sa proposition de supprimer le droit du sol à Mayotte, espérant réduire l’immigration par ce biais.
« Empêchons le retour au chaos à Mayotte »
En dépit de critiques provenant de la gauche et des cercles juridiques, elle a proposé une législation pour abroger ce droit en septembre dernier. Dans une tribune, elle expliquait que le droit du sol, associé à un système de visa limité, avait créé une situation ingérable pour Mayotte.
Face à la situation préoccupante, elle demande désormais la déclaration d’un état d’urgence et un déploiement militaire. Toujours provocatrice, elle a critiqué l’absence de réaction des « humanistes de gauche » après que Jean-Luc Mélenchon ait contesté les actions gouvernementales à Mayotte.
Depuis Mayotte, elle continue d’attirer l’attention sur la crise et les pillages qui frappent l’archipel. Elle appelle à ne pas laisser Mayotte sombrer à nouveau dans le désordre. Anticipant l’avenir, elle avance que la région ne doit pas seulement se reconstruire, mais se redéfinir, illustrant encore son engagement et sa vision pour l’avenir de Mayotte.