Le Premier ministre français François Bayrou a vigoureusement défendu lundi soir ses choix pour sortir le pays de la crise économique et politique.
Un peu plus d’une heure après l’annonce des détails de son premier gouvernement, Bayrou a expliqué en direct à la télévision nationale la logique du rappel de plusieurs noms d’administrations précédentes, tels que les anciens Premiers ministres Elisabeth Borne et Manuel Valls.
« Je pense que nous sommes dans la situation la plus difficile que nous ayons connue depuis la Seconde Guerre mondiale », a déclaré Bayrou aux journalistes Apolline de Malherbe et Benjamin Duhamel sur BMF TV.
« C’est un pays sans budget, sans majorité, dans lequel un grand nombre de Français pensent et estiment qu’ils sont laissés de côté, qu’on ne leur prête aucune attention. »
Bayrou a déclaré que Borne, qui a été Premier ministre entre mai 2022 et janvier 2024, serait de facto son numéro deux.
« Le défi numéro un du pays est l’éducation », a ajouté Bayrou.
Au cours de cet entretien de 90 minutes, Bayrou a tenté de se présenter comme une figure centriste et rassembleuse. « Si nous voulons lutter contre les immenses problèmes auxquels la France est actuellement confrontée, nous ne pouvons pas laisser les désaccords régner », a-t-il déclaré.
Le retour de Valls est une surprise. L’homme de 62 ans a été premier ministre de François Hollande entre avril 2014 et décembre 2016 et prendra la relève en tant que ministre des territoires d’outre-mer après près d’une décennie loin du feu blanc du pouvoir.
Sa priorité sera de mettre en œuvre le plan de sauvetage de l’archipel de Mayotte, dans l’océan Indien, où le cyclone Chido a fait au moins 35 morts et plus de 2 500 blessés.
« L’un des problèmes les plus urgents pour ce pays concerne les territoires d’outre-mer », a insisté Bayrou. « Ce sont des sociétés très fragiles, très déstabilisées, qui ont le sentiment que personne ne s’occupe d’elles. »
Le Premier ministre français Bayrou nomme un nouveau cabinet
L’homme de 73 ans, qui dirige le parti libéral Mouvement démocratique (MoDem), a nié avoir succombé à une quelconque influence du Rassemblement national de Marine Le Pen sur la composition de son gouvernement comme le prétendait l’ancien ministre Xavier Bertrand.
Mais il y avait des acteurs reconnus de la ligne dure au sein des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Gérald Darmanin, qui a été ministre de l’Intérieur entre juillet 2020 et septembre 2024 sous trois premiers ministres, est revenu au gouvernement en tant que ministre de la Justice – le poste qui semblait destiné à Bertrand.
Bruno Retailleau, un conservateur qui s’est engagé à lutter contre l’immigration clandestine, conserve son poste de ministre de l’Intérieur.
Bayrou a également promis de ne pas utiliser l’article controversé 49.3 de la Constitution française qui permet au gouvernement de contourner les députés au Parlement à moins qu’il ne soit complètement bloqué. Il a déclaré aux intervieweurs qu’il ne voulait pas imposer de nouveaux impôts aux entreprises, mais a reconnu qu’il fallait s’attaquer aux déficits du pays.
Nommé par le président Emmanuel Macron le 13 décembre en remplacement de Michel Barnier, Bayrou dirigera le quatrième gouvernement de l’année.
Critiques
Le leader du Rassemblement national, Jordan Bardella, l’a accusé d’avoir formé la coalition de l’échec.
Marine Tondelier, la chef des Verts, l’a condamné pour s’être placé entre les mains de l’extrême droite.
La chef de file des députés La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot, a déclaré : « C’est un gouvernement rempli de gens rejetés par les urnes qui ont contribué à sombrer notre pays… avec le soutien de Marine Le Pen et du Rassemblement National. « .
Les députés LR de droite ont déclaré qu’ils n’excluraient pas de retirer leur soutien au gouvernement Bayrou. « Nous serons très exigeants », a ajouté Laurent Wauquiez de LR.
Le gouvernement se réunira pour la première fois le 3 janvier et Bayrou devrait prononcer un discours politique devant le Parlement le 14 janvier.
Les députés LFI déclarent qu’ils déposeront dès que possible une motion de censure contre Bayrou et son gouvernement.