Comment se fait-il que des voitures avec des airbags, dont la défaillance est avérée, continuent de circuler et aient provoqué le décès de quinze personnes en France au cours des dernières années ? Ce passage de l’émission « Envoyé spécial » explore un scandale qui a pris naissance aux États-Unis au cours des années 2000.
L’airbag de votre véhicule, conçu pour vous sauver la vie, pourrait-il représenter un danger mortel ? En effet, ces dispositifs ont été responsables de la mort de 15 individus depuis 2016, dont 14 sur des territoires supplémentaires, après avoir projeté des éclats métalliques comparables à la vitesse d’une balle.
Ces airbags, fabriqués par Takata, sont reconnus comme étant dangereux depuis une dizaine d’années. Cependant, tous les véhicules équipés de ces airbags n’ont pas fait l’objet d’un rappel, ou les rappels ont été effectués trop tardivement. Le groupe Stellantis et la marque Citroën se trouvent au centre des critiques. Le 8 janvier, le ministère des Transports a annoncé une initiative d’information et la création d’un site internet pour vérifier si votre voiture est concernée.
Une décennie de recherches après des incidents en série aux États-Unis
Le scandale lié à Takata a vu le jour aux États-Unis dans les années 2000, avec une série d’incidents touchant tous les constructeurs automobiles. Les voitures impliquées avaient un point commun : elles étaient toutes dotées d’un airbag fourni par l’entreprise japonaise, intégrant du nitrate d’ammonium, un composant réputé pour son instabilité. Ce composé est parmi les causes des explosions notables comme celles de l’usine AZF à Toulouse en 2001 ou du port de Beyrouth en 2020, et est particulièrement vulnérable à la chaleur et l’humidité.
À cette époque, les autorités américaines ont initié plusieurs enquêtes. Les airbags ont subi divers tests en laboratoire, reproduisant toutes les conditions climatiques possibles aux États-Unis. Les conclusions furent indiscutables : avec le temps, le nitrate d’ammonium s’humecte et devient incontrôlable, limitant la durée d’efficacité des airbags à six ans dans les régions chaudes et humides, contre au plus vingt-cinq ans dans les zones les plus froides.
Les enquêteurs américains ont également découvert des documents internes compromettants. Ceux-ci révélaient comment Takata avait manipulé certains résultats pour éviter un rappel général de véhicules dès 2007. Ainsi, même lorsque des tests se révélaient non-concluants, ils étaient quand même approuvés.
Le dirigeant de Stellantis était-il au courant des défauts des airbags ?
Takata a finalement avoué ses torts concernant la dissimulation des défauts critiques de ses airbags. En 2017, l’entreprise a déposé le bilan, mais pas avant d’avoir conçu une deuxième génération d’airbags, potentiellement aussi dangereuse. Dès 2014, le risque a été confirmé, ce qui a poussé la sécurité routière américaine à contraindre tous les constructeurs à effectuer des rappels de leurs voitures sur tout le territoire.
Cette enquête de dix ans a profondément marqué le secteur automobile aux États-Unis. À cette époque, l’un des dirigeants influents n’était autre que Carlos Tavares, alors à la gestion de Nissan pour l’Amérique du Nord. Il a récemment dirigé le groupe Stellantis…
Adapté de « L’airbag de votre voiture peut-il vous tuer ? », un reportage à découvrir dans « Envoyé spécial » le 23 janvier 2025.