Mardi, Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail, a créé une vive réaction en suggérant que les retraités fortunés devraient participer financièrement au financement du système des retraites.
C’est une véritable surprise qui a secoué les milieux politiques. Le bureau du Premier ministre a rapidement cherché à apaiser les choses en précisant qu’il s’agissait uniquement d’une « proposition personnelle » et que rien n’était encore décidé. Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail, a suggéré le mardi 21 janvier que les retraités disposant de revenus plus élevés, c’est-à-dire ceux percevant plus de 2 000 ou 2 500 euros par mois, pourraient contribuer financièrement à la prise en charge de l’autonomie et de la dépendance. Autrement dit, ces retraités aisés pourraient être sollicités pour alléger la charge des seuls actifs, qui pourraient se voir demander de travailler sept heures supplémentaires par an sans rémunération, soit une seconde journée de solidarité. À l’heure actuelle, ces travailleurs actifs consacrent déjà environ un tiers de leur salaire aux retraites et, depuis la réforme de 2023, doivent travailler jusqu’à l’âge de 64 ans.
Astrid Panosyan-Bouvet n’a pas fourni de détails précis, mais cela n’implique pas nécessairement une augmentation des impôts. Il pourrait plutôt s’agir de rehausser le taux de la Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA). Celle-ci est actuellement payée par 60% des retraités ayant les revenus les plus élevés et génère 900 millions d’euros par an. Selon la proposition de la Ministre, augmenter ce prélèvement, même si ce n’est que pour les retraités les plus aisés, nécessiterait une réflexion sur la limite à fixer. Une telle mesure pourrait rapporter entre 500 et 800 millions d’euros chaque année.
Un dossier politiquement délicat
Pour la ministre, il s’agirait d’un acte de solidarité intergénérationnelle, car notre système de retraite fonctionne sur un modèle de répartition entre les générations. Il est important de rappeler que ce sont les actifs actuels qui financent les pensions des retraités. Ceux qui travaillent aujourd’hui ne cotisent pas pour leur propre retraite future, mais pour celle des retraités actuels. Toutefois, ce système, instauré après la Seconde Guerre mondiale, devient de plus en plus fragile en raison du nombre décroissant d’actifs pour financer des retraités vivant plus longtemps. La proposition de la ministre vise donc à mieux équilibrer la charge entre les différentes générations.
Les partenaires sociaux, qui travaillent sur le financement de ce régime, ont également leur mot à dire. Ainsi, les employeurs ont suggéré de supprimer une réduction fiscale de 10% pour frais professionnels dont bénéficient actuellement les retraités, ce qui montre une certaine ouverture d’esprit de leur part sur le sujet. Cependant, les syndicats, qui représentent à la fois les actifs et les retraités, se trouvent dans une position délicate.
Cette question est surtout délicate sur le plan politique. En 2018, Emmanuel Macron avait décidé d’augmenter la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités les plus fortunés, mais avait dû reculer à la suite du mouvement des gilets jaunes.