Un tribunal de Paris a condamné jeudi un pakistanais à 30 ans de prison pour avoir tenté d’assassiner deux personnes à l’extérieur des anciens bureaux de Charlie Hebdo en 2020 avec un couperet à viande.
Lorsqu’il a mené l’attaque, Zaheer Mahmood, 29 ans, croyait à tort que le journal satirique était toujours basé dans le bâtiment, qui était ciblé par les islamistes il y a une décennie pour publier des caricatures qui ont appuyé le prophète Mohammed.
En fait, Charlie Hebdo avait déménagé dans le sillage de l’assaut de ses bureaux par deux hommes armés masqués liés à Al-Qaïda, qui ont tué 12 personnes, dont huit du rédacteur en chef du journal.
Les meurtres en janvier 2015 ont choqué la France et ont déclenché un débat féroce sur la liberté d’expression et de religion, alimentant une vague de sympathie en France exprimée dans une vague de « Je suis Charlie » (« I Am Charlie »).
Radicalisé
Originaire du Pakistan rural, Mahmood est arrivé illégalement en France à l’été 2019.
Le tribunal avait précédemment entendu comment Mahmood a été influencé par le prédicateur pakistanais radical Khadim Hussain Rizvi, qui avait appelé à la décapitation de blasphémateurs.
Mahmood a été reconnu coupable de tentative de meurtre et de complot terroriste et il sera interdit de France lorsque sa peine sera purgée.
L’effusion de sang de 2015, qui comprenait une prise d’otage séparée mais liée qui a remporté quatre autres vies dans un supermarché juif dans l’est de Paris, a marqué le début d’une période sombre pour la France.
Dans les années qui ont suivi les extrémistes inspirés par Al-Qaïda et le groupe d’État islamique ont monté à plusieurs reprises des attaques, mettant le pays sur le bord et enflammant les tensions religieuses.
Les dirigeants juifs mettent en garde contre la hausse de la haine alors que la France se souvient des victimes de supermarchés
‘Venger le prophète’
Pour marquer l’ouverture du procès au massacre de 2015, Charlie Hebdo Republié ses caricatures de Mohammed le 2 septembre 2020.
Plus tard ce mois-ci, exhorté par le prédicateur extrémiste à « venger le prophète », Mahmood est arrivé devant Charlie Hebdoancienne adresse.
Armé d’un couperet de boucher, il a gravement blessé deux employés de l’agence de presse Premières Lignes.
Tout au long du procès, sa défense a fait valoir que ses actions étaient le résultat d’une profonde déconnexion qu’il ressentait de la France, étant donné son éducation dans la campagne pakistanaise musulmane.
« Dans sa tête, il n’avait jamais quitté le Pakistan », a déclaré mercredi l’avocat de la défense de Mahmood, Alberic de Gayardon, concédant que « chacun de ses coups visait à tuer ».
« Il ne parle pas français, il vit avec les Pakistanais, il travaille pour les Pakistanais », a ajouté Gayardon.
« J’ai sauvé des êtres humains », dit un homme musulman qui a caché les Juifs à Paris Siege
Protestations en colère
Charlie HebdoLa décision de 2020 de republier les Lampoons Mohammed a déclenché une vague de manifestations en colère au Pakistan, où le blasphème est passible de la mort.
Cinq autres hommes pakistanais, dont certains étaient des mineurs à l’époque, étaient jugés aux côtés de Mahmood pour complot terroriste pour avoir soutenu et encouragé ses actions.
Le tribunal spécial de la capitale française pour les mineurs a infligé des condamnations co-accusées de Mahmood entre trois et 12 ans.
Aucun des six du quai n’a réagi au verdict.
Les deux victimes étaient présentes lors de la condamnation, mais ne souhaitaient pas commenter les résultats du procès.
Plus tôt dans le procès, l’un des deux, Alias Paul, a déclaré au tribunal de la longue réhabilitation qu’il a entrepris après son expérience de mort imminente.
« Cela a brisé quelque chose en moi », a déclaré l’homme de 37 ans.
Ni lui ni l’autre victime, nommée Helene, 32 ans, n’ont accepté les plaidoyers de Mahmood pour le pardon.
Les avocats de Mahmood n’ont pas encore indiqué si leur client fera appel du verdict.