L’artiste français-israélien Shelomo Selinger, survivant de neuf camps de concentration nazis, a fait don de deux de ses œuvres à l’organisme culturel des Nations Unies. Le dévoilement des œuvres restaurées coïncide avec le 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau et de la Journée internationale de commémoration à la mémoire des victimes de l’Holocauste.
« Ceux qui connaissaient les camps ne sont jamais exempts d’eux », a écrit Selinger, 97 ans dans son livre en 2021 Nuit et Lumière – des Marches de la Mort Au Chemin de la Vie (« Nuit et lumière: des marches de la mort au chemin de la vie »).
« (Les camps) sont là tous les soirs, et avec eux chaque matin ceux qui ont été assassinés à mes côtés, témoins d’une obscurité absolue et sans forme dont j’essaie de sculpter une sorte d’espoir. »
Né dans la petite ville de Szczakowa, en Pologne, en 1928, Selinger a grandi dans une famille juive. Déporté avec son père en 1942 à l’âge de 13 ans, il a survécu à neuf camps de concentration et à deux marches de la mort.
Sa mère et l’une de ses sœurs ont été emmenées à Auschwitz en 1943 et ne sont jamais revenues, quelque chose qu’il n’a appris que des années plus tard.
En 1945, il a été sauvé par un médecin militaire juif qui est venu avec l’armée soviétique pour libérer le camp de la térezin à l’époque-Céchoslovaquie. Il a été découvert sur une pile de cadavres et emmené dans un hôpital militaire. Bien que sa santé se soit rétablie, il a souffert d’amnésie pendant sept ans.
L’art comme l’espoir
Après sa libération, il est allé en Israël, où il a combattu dans la guerre arabo-israélienne de 1948. Il a aidé à fonder le Kabri Kibbutz en Galilée et a rencontré sa femme Ruth, qu’il a épousée en 1954.
C’est à cette époque qu’il a découvert la sculpture et l’art, et avec eux un moyen de faire face aux souvenirs douloureux qui lui ont renvoyé dans les cauchemars.
Après avoir remporté le prix Norman pour les jeunes sculpteurs en 1955, il s’est rendu en France où il s’est inscrit à l’école des Beaux-Arts à Paris et a étudié sous le sculpteur Marcel Gimond. En 1962, il a rencontré le propriétaire de la galerie Michel Dauberville, qui a depuis exposé son travail.
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« La nature m’a donné l’oubli pour me reconstruire, l’art a fait le reste », le cite le reste du centre culturel juif de Paris. « Je quitte ma maison et je me dépêche de mon studio chaque matin. Je prends mon ciseau et mon marteau. Je danse avec la pierre et ensemble nous inventons une langue de lumière pour dire ce qui ne peut pas être retenu. C’est de cette façon que je peut être gratuit « .
Depuis les années 1950, Selinger a fabriqué plus de 900 œuvres d’art dans de nombreux formats et matériaux. Ses œuvres sont présentées dans des espaces publics, notamment le site commémoratif de l’Holocauste à Drancy, au nord-est de Paris, d’où les Juifs français ont été expulsés vers les camps d’extermination, et le musée Yad Vashem en Israël.
L’une des œuvres donnée à l’UNESCO cette semaine, intitulée « Désir pour la liberté », un dessin au charbon de bois réalisé en 1995, représente les chevaux galopant côte à côte, leurs membres se chevauchant, se serrant pour aller de l’avant.
Il a subi une vaste restauration par des experts de l’UNESCO, avant d’être remis lors d’une cérémonie jeudi.
Parallèlement, il y a l’œuvre « Shoah » (Holocauste), un dessin à l’encre indienne effectué en 1975, qui représente les corps émaciés d’hommes et de femmes, les cadres exposés, des gardes qui se tenaient sur eux brandissant des fouets. L’image d’un cheval apparaît également, son sabot semblant tamponner sur le visage d’un homme.
Le transfert de ces travaux fait partie du programme de l’UNESCO pour marquer le 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau le 27 janvier. Plus d’un million de personnes y ont été assassinées, la plupart juives. L’ancien camp a été ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.
L’Holocauste a vu le meurtre de 6 millions de Juifs à travers l’Europe, exécuté par l’État nazi en Allemagne et ses collaborateurs. Chaque année, les pays du monde entier tiennent des commémorations pour marquer le 27 janvier de la Journée internationale de commémoration à la mémoire des victimes de l’Holocauste.
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Cette année, la branche éducative de l’UNESCO a publié une nouvelle série de guides pour aider les enseignants et les journalistes à « lutter contre le déni et la distorsion de l’Holocauste ».
« À une époque où les survivants et les témoins directs de l’Holocauste deviennent de plus en plus rares, il est essentiel d’investir davantage dans l’éducation pour transmettre la mémoire des faits et lutter contre les formes contemporaines d’antisémitisme », le directeur de l’UNESCO, Audrey Azoulay , a déclaré lors de la cérémonie jeudi.
En collaboration avec la région de la Normandie et le Mémorial de Shoah, l’UNESCO a également ouvert une exposition de photos « Beyond the Abyss of the Auschwitz-i et Auschwitz-II Birkenau 20 janvier au 28 février.
