Le troisième film réalisé par Brady Corbet, d’une virtuosité remarquable, propose une méditation sur la manière dont l’art et la créativité peuvent surpasser les forces du mal et de la mortalité.
Le Film « The Brutalist » : Un Succès Retentissant
Brady Corbet, pour son troisième long-métrage intitulé The Brutalist, a réussi à placer son œuvre au cœur des Oscars avec pas moins de dix nominations. Déjà lauréat de trois Golden Globes, incluant celui du meilleur acteur pour Adrien Brody, qui interprète un architecte hongrois juif émigré aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, ce film captivant sortira en salle le mercredi 12 février. Pertinent et poignant, le film s’étend sur trois heures trente-cinq avec une pause incluse.
L’Arrivée en Amérique de Laszlo Toth
Nous sommes en 1947, et Laszlo Toth, un architecte hongrois d’origine juive et diplômé de l’école du Bauhaus, débarque à New York. Ayant survécu au camp de Buchenwald, il arrive sur Ellis Island par les entrailles obscures d’un navire, et aperçoit d’abord la Statue de la Liberté, la voyant comme une figure maternelle accueillante qui lui offre un nouveau départ. À Philadelphie, en Pennsylvanie, il est accueilli par son cousin Attila (joué par Alessandro Nivola), un marchand de meubles, et sa femme Shiksa (incarnée par Emma Laird). Toutefois, ce havre de paix s’effondre rapidement.
Lors de la rénovation d’une bibliothèque pour un millionnaire volage et irritable nommé Harrison Lee Van Buren (interprété par Guy Pearce), Laszlo est mis à la porte par son cousin. Poussé à revenir à New York, il connaît enfin la pauvreté et s’enfonce dans la dépendance. Mais le destin change de cap : Laszlo voit son potentiel reconnu par le millionnaire qui l’engage pour construire un institut en l’honneur de sa mère défunte.
La Femme de Laszlo et Son Projet Monumental
Laszlo s’installe chez l’industriel et bientôt, sa femme Erzsébet (interprétée par Felicity Jones) et sa nièce Zsofia (Raffey Cassidy), elles aussi rescapées des camps, le rejoignent. Plongé dans son projet titanesque, l’architecte insiste pour suivre ses convictions, se heurtant ainsi aux impératifs budgétaires de son collaborateur. « Il n’y a plus rien pour nous ici. Fuis en Amérique et je te rejoindrai », lui avait dit Erzsébet. Le couple, en quête du rêve américain, doit maintenant affronter la discrémination antisémite rampante et les préjugés dans leur entourage.
Malgré l’hostilité latente, incorporée dans les valeurs familières et le tissu social, Laszlo et sa famille sont prêts à tout pour voir ce monument en mémoire de sa vie passée prendre forme. Mais pourra-t-il mener son ambition à bien?
L’Art Brut et Son Symbolisme
The Brutalist illustre le brutalisme, un mouvement architectural né après la Seconde Guerre mondiale, inspiré du modernisme. Le personnage de Laszlo Toth, bien qu’imaginé, est évoqué par des figures éminentes de ce courant, tels Marcel Breuer et Le Corbusier. Ce style monumental joue avec les textures brutes du béton et des formes simples.
Le film de Brady Corbet propose un semis de séquences autour de la construction du projet visionnaire de Toth. À travers divers plans, le spectateur suit la création de cet édifice sculptural, dont les lignes se dessinent à travers la lumière, devenu un symbole métaphorique des épreuves endurées par Laszlo, sa famille et l’ensemble du peuple juif.
Laszlo Toth en Quête d’Exil et Rédemption
La rudesse physique de son architecture résonne avec les rapports de force que le millionnaire Harrison Lee Van Buren impose. La violence, bien que sous-entendue, se distille subtilement lors d’une soirée en Italie. « On ne veut pas de nous ici », constate l’architecte. Ce périple humain parsemé de souffrances, devient l’épicentre de la renaissance de Laszlo et son acte de résistance.
Il faut attendre la fin du film pour découvrir le vrai sens de son œuvre, révélé par sa nièce à l’occasion d’une rétrospective consacrée au vieil homme qu’il est devenu dans les années 1980, marquant par cette maison le socle de sa résilience créative.
La Possibilité d’un Oscar pour Adrien Brody
Ce film captivant offre un épilogue positivement serein, où la création triomphe sur la violence. La mise en scène soignée de Corbet, tendue jusqu’à son paroxysme, nous conduit dans une immersion totale. Avec une variété de formats visuels et de mouvement de caméra, il réussit à plonger le public dans l’introspection de son protagoniste.
The Brutalist explore la trajectoire multiple d’un homme complexe tout en melonçant subtilement la fracture du rêve américain. Rappelant les dérives actuelles aux États-Unis et dans le monde, ce film, reflet de l’édifice construit par son héros, brille grâce à la performance d’Adrien Brody. À l’instar de son rôle dans The Pianist, celui-ci pourrait bien lui valoir une nouvelle récompense aux Oscars.
Fiche Technique
Genre : Drame
Réalisation : Brady Corbet
Acteurs principaux : Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce
Pays de Production : Grande-Bretagne, États-Unis, Hongrie
Durée : 3 heures 35 minutes
Date de sortie : 12 février 2025
Distributeur : Universal Pictures
Synopsis : Après avoir quitté l’Europe en ruine, l’architecte audacieux Laszlo Toth se rend en Amérique pour y reconstruire sa vie et son mariage avec Erzsébet. Dépourvu de repères dans ce nouveau monde, Laszlo rencontre l’industriel influent Harrison Lee Van Buren en Pennsylvanie, qui voit en lui un bâtisseur prometteur. Toutefois, le rêve américain vient avec un prix considérable.