Au début des agressions sexuelles, alors qu’elles venaient juste d’atteindre la majorité, des substances destinées à induire le sommeil et à réduire l’anxiété leur étaient administrées.
La justice a rendu son verdict. Un père de 42 ans a été condamné à 15 ans de prison par la cour criminelle du Doubs, le mardi 11 février, pour avoir agressé sexuellement ses filles jumelles, souvent après les avoir rendues inconscientes à l’aide de substances chimiques. L’avocate générale, Margareth Parietti, avait demandé la peine maximale prévue pour « viols par ascendant » lors du procès tenu la veille à Besançon.
L’utilisation de la soumission chimique dans les agressions sexuelles a été mise en lumière par une affaire précédente, celle des viols de Mazan. À la fin du mois de décembre, Dominique Pelicot avait été condamné à vingt ans d’emprisonnement pour avoir livré sa femme, Gisèle, droguée à de nombreux hommes pendant des années.
Dans l’affaire actuelle, les actes répréhensibles se sont déroulés entre 2021 et 2023 pour l’une des jeunes femmes, et entre 2022 et 2023 pour l’autre, alors qu’elles avaient respectivement 18 et 19 ans, a indiqué le parquet à l’AFP. Le ministère public a évoqué la personnalité de l’accusé, le qualifiant de « pervers narcissique », un homme qui « avait pris le contrôle de tout le monde », y compris de la mère, qui avait quitté la maison en 2009.
Dévoilement des faits grâce à l’intervention d’un prisonnier
Selon l’accusation, les jeunes filles avaient reçu des « somnifères » et des « anxiolytiques », qui les empêchaient de réaliser ce qu’elles subissaient au départ. D’après le quotidien L’Est républicain, l’accusé a avoué sa « profonde honte » et a exprimé ses « regrets » lors de l’audience.
Les abus ont été mis au jour en 2023 grâce à un détenu de la prison d’Avignon. L’une des sœurs avait, par hasard, pris contact avec lui en jouant en ligne. Après avoir gagné sa confiance, elle lui a finalement confié que son père abusait sexuellement d’elle. Il lui a conseillé de recueillir des preuves en conservant le sperme de son père.
Le 29 mai 2023, elle a décidé de mettre en œuvre ce conseil. Elle a caché un récipient dans les toilettes, se proposant de « remplacer sa sœur ». Après que son père a commis l’acte sexuel, elle est partie rapidement avec une fiole contenant le sperme, en direction de Marseille. Là, elle a été aidée par l’épouse du détenu, qui l’a accompagnée au commissariat pour déposer plainte.