Lundi, les parlementaires socialistes ont soumis une motion de censure à l’encontre de l’administration de François Bayrou, l’accusant de « se rendre aux émotions négatives de l’extrême droite ». Cependant, en réalité, leur intention n’est pas véritablement de faire tomber le gouvernement.
Les députés du Parti socialiste ont déposé une motion de censure qui sera discutée mercredi 19 février. Malgré cela, après avoir été cléments envers François Bayrou lors des débats budgétaires, les socialistes n’ont pas l’intention de faire tomber le gouvernement. Ce n’est pas leur objectif. À travers cette motion qualifiée de « spontanée », en référence à l’article 49-2 de la Constitution, le groupe PS veut critiquer la surenchère du gouvernement concernant l’immigration, notamment la notion de « sentiment de submersion » migratoire mentionnée par François Bayrou, sans pour autant causer sa chute. Les socialistes ont pris leurs distances avec la pression des Insoumis et n’ont pas intérêt à accélérer les échéances électorales. La semaine dernière, François Hollande a révélé la véritable intention. L’ancien président a indiqué que cette motion « n’est pas conçue pour renverser le gouvernement », mais plutôt pour le « questionner ».
Les socialistes veulent démontrer qu’ils restent dans l’opposition, malgré les accusations de « trahison » de Jean-Luc Mélenchon. Cependant, ils rejettent tout chaos potentiel. Ils ont ainsi créé une motion qui s’apparente à une arme de théâtre. Comme on pourrait dire dans la cour de récréation, c’est « pour de faux ». Le groupe PS est habitué à prendre des positions quelque peu ambiguës. En septembre dernier, les députés socialistes sous la direction d’Olivier Faure ont initialement soutenu la proposition de destitution du président de la République initiée par les Insoumis, avant de s’y opposer fermement en commission des Lois. La stratégie de La France insoumise est plus directe : renverser tous les gouvernements, à n’importe quel instant, et pour n’importe quelle raison.
Faibles probabilités d’approbation
Quant aux Insoumis, ils ont inventé la motion de censure « pavlovienne », utilisée à chaque occasion, déjà employée cinq fois contre François Bayrou. Cette approche n’a pas plus de succès que l’option des socialistes. Seule la motion qui a fait tomber Michel Barnier début décembre, grâce au soutien de Marine Le Pen, a porté ses fruits. Une alliance paradoxale qui crée un blocage, car en France, contrairement à l’Allemagne, des coalitions politiques peuvent se former à l’Assemblée pour évincer un gouvernement, sans être obligées de proposer une alternative de remplacement.
Pour que la motion de censure socialiste soit acceptée, ce qui semble irréaliste, il faudrait que la gauche obtienne le support des députés RN, qui ne seront pas enclins à approuver un texte les ciblant. Si cela arrivait, Marine Le Pen établirait un nouveau record de cynisme politique. Cependant, rien n’est impossible. À force de voter des motions de censure inefficaces, les choses peuvent se mélanger, et un incident malencontreux peut toujours survenir. Pour les socialistes, ce serait comme quelqu’un qui manipule son arme et se blesse accidentellement. « Oups, désolé, le coup est parti tout seul… »