Aujourd’hui représente un moment clé et plein d’incertitudes pour Richard Ferrand, que le président Emmanuel Macron a choisi pour occuper le poste de président du Conseil constitutionnel. Si Ferrand ne parvient pas à s’attirer le soutien des parlementaires, sa nomination pourrait être rejetée. Cela constituerait un échec non seulement pour lui, mais également pour Macron.
Le mercredi 19 février au matin, des auditions périlleuses attendent Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, qu’Emmanuel Macron souhaite voir à la tête du Conseil Constitutionnel. Le déroulé de ce processus, en deux parties, commence par la commission des lois de l’Assemblée, suivie par celle du Sénat. En fin de compte, un vote à bulletins secrets par 122 parlementaires décidera de l’avenir de Richard Ferrand. Il faudra qu’une majorité de 3/5e des votes rejetés s’expriment pour invalider sa nomination, ce qui représente 74 voix si tous les membres votent. L’opposition de gauche et les députés Les Républicains ont d’ores et déjà prévu de voter contre, ce qui réunit 44 voix. Le dénouement dépendra des sénateurs Les Républicains, de certains petits groupes centraux, ainsi que de la mobilisation des partisans de Ferrand, car chaque abstention réduira le seuil des 3/5e. Marine Le Pen, évaluant la stratégie la plus efficace pour contrer le protégé d’Emmanuel Macron, hésite entre inciter les 16 députés du Rassemblement National à s’abstenir ou à voter contre.
Pour Richard Ferrand, les enjeux sont élevés… et encore plus pour Emmanuel Macron ! Ce vote représente avant tout un test pour le président. Richard Ferrand, un des premiers soutiens du macronisme, voit sa proximité avec Macron comme un désavantage, au milieu des nombreuses critiques depuis que son nom a été proposé par le président. Historiquement, d’autres présidents ont eux aussi placé des proches à la tête du Conseil : François Mitterrand avait choisi Roland Dumas en 1995, et Jacques Chirac a nommé Jean-Louis Debré en 2007. Cependant, à l’époque, ces nominations n’étaient pas sujettes à une approbation des parlementaires, une condition qui a changé avec la réforme constitutionnelle de 2008.
Impacts pour « l’alliance fondamentale »
L’éventuelle défaite de Richard Ferrand marquerait un revers considérable pour Emmanuel Macron, illustrant une perte d’influence et de contrôle sur la politique intérieure. Néanmoins, les répercussions seraient encore plus significatives pour l’« alliance fondamentale » et, par extension, pour le gouvernement. Effectivement, il existe un accord entre les macronistes et la droite. Les premiers soutiennent la nomination de Richard Ferrand, tandis que la nomination de Philippe Bas, sénateur Les Républicains et ancien cadre de l’Élysée sous Jacques Chirac, est à l’ordre du jour pour la droite.
Si la droite décidait de tourner le dos à Richard Ferrand, cela pourrait sérieusement ébranler un gouvernement déjà fragilisé par des divisions internes. C’est d’ailleurs pour cette raison que Laurent Wauquiez a convaincu les députés Les Républicains de s’opposer à Ferrand. En ces temps, tout ce qui peut compliquer la position de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, semble convenir à son concurrent pour la présidence des Républicains. Au-delà des discours de principe sur l’indépendance et l’impartialité du Conseil, il y a aussi des calculs politiques bien moins élevés qui se jouent en coulisse.