Pour intégrer la fiction au contexte historique de la Seconde Guerre mondiale, le réalisateur Nils Tavernier a choisi d’incorporer plusieurs séquences d’archives à divers moments du film.
Porter sur grand écran l’incroyable histoire véridique de Tauba Birenbaum et de ses parents est l’objectif prometteur du nouveau film de Nils Tavernier, La Vie devant moi, sorti en salles le mercredi 26 février. Le réalisateur a été profondément ému par le récit de Tauba, enregistré en 1997 pour le projet audiovisuel « Survivors of the Shoah Visual History Foundation » initié par Steven Spielberg. Cette rencontre a incité Tavernier à réaliser ce film avec la complicité de Guy Birenbaum, fils de Tauba et du résistant Richard Birenbaum.
Tauba Zylbersztejn, d’origine polonaise, était une jeune adolescente juive vivant à Paris avec ses parents. Elle avait 14 ans en 1942, lors de l’Occupation. Le cauchemar pour la famille débute le 16 juillet de cette année, date de la rafle du Vélodrome d’Hiver. En obéissant aux directives du gouvernement de Vichy, des policiers et gendarmes français arrêtent plusieurs milliers de Juifs pour les rassembler au Vélodrome avant de les déporter au camp d’extermination d’Auschwitz. Par un coup du sort, les Zylbersztejn parviennent à échapper à ces arrestations grâce à l’aide des Dinanceau, un couple qui accepte de les cacher dans leur chambrette. Mais combien de temps seront-ils en sécurité ?
Un environnement confiné émouvant et intense
La Vie devant moi plonge le spectateur dans un univers confiné intense et silencieux, agrémenté par des archives d’époque qui ajoutent du réalisme et de l’émotion à l’histoire. Durant deux années, de l’été 1942 à l’été 1944, Tauba et ses parents, Moshe et Rywka Zylbersztejn, vivent dans un espace exigu, devant réduire au maximum les bruits pour ne pas être découverts. Chaque déplacement vers les toilettes situés sur le palier est une épreuve, chaque son extérieur une source d’angoisse. La perception du temps par cette famille, qui semble interminable, est habilement restituée par le souci du détail apporté à chaque scène, couleur ou silence, tenant ainsi le spectateur en suspens jusqu’à la fin de leur calvaire.
Nils Tavernier capture la promiscuité de cet espace réduit. Il met aussi en avant les élans de tendresse que la proximité physique finit par renforcer au sein de cette famille déjà unie, malgré la peur constante d’être appréhendée. Tauba, adolescente résiliente, soutient ses parents par sa force de caractère et sa bienveillance : elle réorganise l’espace pour créer un semblant d’intimité, proposant par exemple à sa mère de prendre soin de ses cheveux qui s’allongent. Amatrice de piano, elle esquisse les touches de l’instrument à la craie sur le sol, chantant La Romance de Paris de Charles Trenet. Ce moment de joie musicale partage avec son père, lui redonnant le sourire.
Bien que Violette Guillon incarne une Tauba pleine de craintes, elle reste une jeune fille avec ses propres angoisses et interrogations. En cas de danger imminent, son réflexe est de se boucher les oreilles pour se couper des bruits terrifiants des bottes des gendarmes. Les visages tendus et la peur palpable dans le regard des personnages sont saisissants et transmettent un appel silencieux à l’aide.
Le couple Dinanceau, face à des choix déchirants durant cette période de terreur, suite à la menace nazie, fait le pari de leur humanité. Le contraste de leur action face à l’horreur est puissant. Le dernier long-métrage de Tavernier dresse un portrait poignant de Tauba, une jeune femme déterminée, habitée d’une énergie débordante, souhaitant par-dessus tout réinventer son avenir et se libérer.

Fiche technique
Genre : Drame/Historique
Réalisateur : Nils Tavernier
Acteurs : Guillaume Gallienne, Violette Guillon, Adeline d’Hermy
Pays : France
Durée : 1h31
Date de sortie : 26 février 2025
Synopsis : En 1942, alors que le spectre de la rafle du Vélodrome d’Hiver plane sur Paris, Tauba, débordante de vie, parvient à échapper avec ses parents à cette vague d’arrestations. Les Dinanceau leur offrent un abri secret dans une minuscule pièce de leur immeuble situé sous les toits, croyant à un répit de courte durée. Pourtant, le temps passe et la famille se retrouve en silence forcé, mais Tauba refuse de plier et combat cette inéluctable attente, résistant à son enfermement.