Lundi 24 février marque le début du procès du chirurgien Joël Le Scouarnec, accusé de violences sexuelles, principalement envers des mineurs. Martine Brousse, qui préside l’association, regrette que les témoignages des enfants ne soient pas suffisamment pris en considération dans ce type de dossiers.
La Responsabilité des Témoins Silencieux
« Ceux qui savaient, mais ont gardé le silence, devront également s’expliquer, » affirme Martine Brousse, présidente de La Voix de l’Enfant, lors d’une interview sur 42mag.fr, le lundi 24 février. Cette association figure parmi les parties civiles lors du procès de Joël Le Scouarnec, un chirurgien accusé d’avoir abusé sexuellement de 299 patients, essentiellement des mineurs, entre 1989 et 2014 dans divers établissements hospitaliers. Le procès, qui débute lundi à Vannes, s’annonce exceptionnel.
Un Procès d’une Grande Ampleur
Ce procès se distingue par ses chiffres impressionnants : 299 personnes se déclarent victimes, 65 avocats sont mobilisés, et 75 jours de débats sont prévus. En raison de la capacité d’accueil limitée de la salle du tribunal, une ancienne faculté de droit a été convertie pour permettre la retransmission des sessions au public et aux journalistes. « Cela signifie qu’il ne fera jamais face à ces 300 victimes, ce qui nous interroge profondément à La Voix de l’Enfant, » déplore Martine Brousse.
État d’Esprit Avant le Déroulement du Procès
Martine Brousse décrit ce procès comme inimaginable, car un seul individu est confronté à près de 300 victimes. Pendant des années, Joël Le Scouarnec a pu agir sans être arrêté. Il ne s’agit pas d’un simple manque de vigilance ; beaucoup ont choisi d’ignorer, de ne pas intervenir. Ce procès constitue une nouvelle occasion, bien que regrettable, de mettre en lumière les graves dysfonctionnements qui ont contribué à l’ampleur du drame. On a vraiment le sentiment d’avoir atteint un point de non-retour avec ce cas. Il est difficile à accepter que Joël Le Scouarnec ne fasse pas face directement à chaque victime, souligne Brousse.
L’Impunité Apparente d’un Médecin
Ce qui horrifie dans ce dossier, c’est qu’en tant que médecin et personnage respecté, Joël Le Scouarnec a trompé son entourage au point que certains de ses actes ont été perçus comme des gestes médicaux. Le fait qu’il ait déjà été reconnu coupable et que des institutions hospitalières aient continué à l’employer est tragique. Si les mesures avaient été prises plus tôt, de nombreuses victimes auraient pu être épargnées. Bien qu’il doive être jugé, La Voix de l’Enfant a déposé une plainte contre X. Le procès doit également identifier les autres responsables, ceux qui, par inaction, ont permis à cet individu de nuire aussi longtemps.
Apprendre de cette Tragédie
La Voix de l’Enfant insiste sur une leçon essentielle : l’importance de prendre au sérieux la parole des enfants. Trop souvent, leur sincérité est remise en cause. Il est impératif que le bénéfice du doute soit accordé à l’enfant. Dire que c’est « parole contre parole » n’est plus acceptable. De nombreux cas, comme ceux de Bétharram et Le Scouarnec, montrent l’urgence d’écouter et de croire les enfants. Les enfants expriment leur douleur, et il incombe aux adultes de comprendre d’où elle provient. Changeons notre approche et jugez les révélations des enfants à leur juste mesure.