Après une année exceptionnelle pour le cinéma hexagonal, qui s’est illustré tant dans les festivals internationaux qu’auprès des spectateurs dans les salles obscures, les César se retrouvent avec une multitude d’options.
La cérémonie des César s’apprête à célébrer sa 50e édition en grande pompe ce vendredi 28 février, avec Catherine Deneuve à la présidence de l’événement. Parmi les films en lice, deux favoris ont séduit le grand public : Le comte de Monte-Cristo et L’Amour ouf, sans oublier la comédie musicale Emilia Perez.
Qui prendra la relève d’« Anatomie d’une chute » ?
L’année dernière, Justine Triet avait remporté les honneurs pour son film Anatomie d’une chute. Cette année, seuls des réalisateurs masculins concourent pour le titre de meilleure mise en scène. Avec pas moins de 14 nominations, Le comte de Monte-Cristo semble en bonne voie, ayant conquis 9,4 millions de spectateurs et devenant le deuxième plus gros succès de l’année dans l’Hexagone.
Il se mesure à L’Amour ouf de Gilles Lellouche, qui a attiré 4,9 millions de personnes dans les salles françaises.
Un éventuel triomphe de l’un de ces films ou de la comédie En Fanfare, mettant en vedette Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin, pourrait contribuer à redorer l’image de l’Académie des César, parfois perçue comme déconnectée du public.
En revanche, Un p’tit truc en plus d’Artus, qui a enregistré le plus grand nombre d’entrées en 2024 avec 10,8 millions de spectateurs, pourrait ne recevoir qu’une seule récompense pour le meilleur premier film, selon les prévisions.
« Emilia Perez », une comédie musicale en péril ?
Quant à Emilia Perez de Jacques Audiard, le suspense demeure. Cette comédie musicale vibrante et colorée, racontant la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain, récolte 12 nominations.
Cependant, des polémiques ont vu le jour. Le film a suscité une controverse au Mexique concernant sa représentation de la violence liée au narcotrafic. De plus, des messages anciens de l’actrice principale, Karla Sofia Gascón, ont refait surface, où elle exprimait des opinions controversées au sujet de l’islam et de la diversité dans le domaine du divertissement.
Depuis, la campagne internationale du film est compromise. La manière dont votera l’Académie des César reste floue. Bien que Karla Sofia Gascón soit mise de côté, Zoé Saldaña pourrait se voir attribuer le César de la meilleure actrice.
D’autres films pourraient créer la surprise, tels que Miséricorde d’Alain Guiraudie, un film d’auteur qui a touché un public plus restreint, ou L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, relatant le périple d’un livreur sans-papiers à Paris. Avec Abou Sangare, lauréat du Prix du meilleur acteur dans la catégorie Un certain regard, le film apporte une dimension poignante à la compétition.
Catherine Deneuve et Jean-Pascal Zadi à l’honneur
Ce 50e anniversaire des César réserve une ambiance singulière : Catherine Deneuve, actrice emblématique, a été convaincue de présider la soirée. « Je vais prendre la parole pendant trois minutes sur scène, un exercice qui n’est pas mon préféré, puis j’assisterai au reste de la cérémonie », a-t-elle confié au journal Le Monde.
Pour l’animation, Jean-Pascal Zadi, qui avait remporté le César du meilleur espoir masculin en 2021 pour Tout simplement noir, apportera sa touche humoristique. Il sera accompagné d’une pléiade de talents tels qu’Emmanuelle Béart, Cécile de France, Pio Marmaï, Raphaël Quenard et Justine Triet. Julia Roberts, star internationale, et le réalisateur Costa-Gavras se verront remettre des César d’honneur.
Une retransmission en clair sur Canal+
Avec une pléiade de célébrités nommées telles que Tahar Rahim, Pierre Niney, François Civil, Catherine Frot, Alain Chabat et Adèle Exarchopoulos, la question de savoir si cela suffira pour doper l’audience de la soirée, retransmise en clair depuis l’Olympia dès 20h45 sur Canal+, reste à voir. L’an dernier, 1,86 million de personnes avaient regardé l’événement, en légère hausse mais encore loin des 3,9 millions enregistrés en 2012.
Les artistes profiteront peut-être de cette tribune pour partager leurs préoccupations concernant les réductions budgétaires en culture ou encore les menaces que l’intelligence artificielle pourrait poser sur le domaine créatif.
Le financement du cinéma et l’influence de Vincent Bolloré, le propriétaire du groupe Canal+, pèseront probablement dans les discussions. En tant que diffuseur et principal financeur du cinéma français, la chaîne cryptée se bat pour préserver ses avantages face à l’essor des plateformes de streaming et réduire ses coûts.