Environ 90 personnalités ont arpenté les couloirs du salon, dans le but de dialoguer avec les agriculteurs présents, tout en vérifiant l’ampleur de leur renommée.
La clôture du Salon de l’agriculture de 2025 à Paris s’est déroulée récemment. Samedi 1er mars, Marine Le Pen y a fait une apparition avant que l’événement ne se termine le dimanche suivant. Cette année, environ 90 figures politiques ont défilé dans les allées de la porte de Versailles. Une atmosphère de campagne régnait sur ce salon, à la fois pour ceux désirant diriger un parti (la direction des Républicains change en mai, les socialistes en juin) et pour ceux déjà en lice pour la prochaine élection présidentielle.
Comme lors des grandes campagnes, les journalistes se déplacent en groupe, rivalisant pour obtenir des interviews dans une atmosphère presque chaotique où il faut éviter les obstacles, tels que ballots de foin. L’événement réunit de nombreux journalistes, et le Salon est l’endroit parfait pour les politiciens qui souhaitent jauger leur notoriété et leur popularité.
« Popularité et élections sont deux choses distinctes »
Parmi les personnalités notables cette année, François Hollande. Il se fraye difficilement un chemin à travers les spectateurs avec une horde de curieux, jeunes et moins jeunes, souvent impressionnés, qui le sollicitent pour des photos. Malgré la sympathie de certains, l’ex-président suscite aussi des réactions vives. Une spectatrice, exaspérée par la cohue, commente : « On est là pour le Salon, pas pour voir quelqu’un dire des inepties » .
Quant à certains visiteurs, ils souhaiteraient tourner la page de l’ère Hollande : « Il a eu son temps, place à autre chose. Son histoire, c’est surtout l’écoute passive. » Cependant, d’autres défendent sa proximité : « Il est humble et accessible, ce qui compte aussi. » Pour sa part, François Hollande reste prudent : « Je distingue bien la popularité de l’enjeu que représente une élection présidentielle. Il faut savoir envisager les étapes une à une. »
Rester dans les esprits
Le Salon a également marqué le retour au premier plan de Michel Barnier. Celui qui a été écarté en décembre dernier considère l’événement crucial : « Ces salons agricoles sont des moments de contact démocratique direct et important. » Il reçoit des compliments sur son charisme et ses qualités, en restant humble : « Je ne pense pas qu’on doive me féliciter. Je remercie ceux qui reconnaissent mes tentatives. » Michel Barnier continue à avancer : « Je préfère regarder vers l’avenir plutôt que de céder au passé. »
En croquant dans une pomme, Michel Barnier se remémore Jacques Chirac. Est-ce une allusion à ses ambitions présidentielles ? Barnier conserve le mystère, tout en soulignant sa contribution à la relance de la droite : « Quand je suis devenu Premier ministre, le parti a repris des couleurs. J’ai ma part dans ce renouveau. » Grand et aux cheveux blancs, certains ont confondu sa silhouette avec celle de Dominique De Villepin.
« Envoyer un message »
Lors du Salon, les figures politiques tentent de marquer leur présence auprès des Français, tout en insérant des déclarations politiquement chargées entre une caresse à une vache et une dégustation. Célestin, qui promeut des espèces rares, remarque cette affluence : « C’est l’affluence totale ! Il y a trop de personnalités politiques. Ceux qui ne viennent pas se remarquent. Difficile de les croire intéressés par chaque conversation. »
« Je doute de leur véritable intérêt, on dirait qu’ils viennent juste pour être vus. »
Célestin, agriculteurà 42mag.fr
Alexandre, le propriétaire de la vache égérie, partage ce scepticisme : « Il vaudrait mieux qu’ils prennent le temps de comprendre les problématiques agricoles. Ils méconnaissent complètement notre milieu. » Toutefois, Arnaud Lemoine, l’organisateur du Salon, offre une vision plus équilibrée : « Certains se plaignent de la présence politique, mais râlent si personne ne vient sur leur stand. On voit ici des politiques renouer avec leurs racines ou en rechercher de nouvelles. »
Ce salon est une plateforme stratégique et sera sans doute encore plus intense dans les années à venir, notamment avant les municipales de 2026 et la préparation de la présidentielle de 2027.