Le Rassemblement national ne soutiendra pas la résolution concernant l’Ukraine qui sera discutée jeudi à l’Assemblée nationale. Bien que Marine Le Pen critique verbalement l’offensive de la Russie, le parti a, en pratique, décliné l’approbation de la majorité des assistances économiques et militaires en faveur de Kiev.
Un texte qui propose de renforcer l’appui à l’Ukraine doit être soumis au vote des députés, ce mercredi 12 mars. Marine Le Pen ne compte pas le soutenir. Elle invoque la présence dans le texte d’une phrase soutenant l’adhésion future de l’Ukraine à l’Union européenne, un objectif auquel la dirigeante de l’extrême droite s’oppose fermement. Cependant, cet argument s’apparente à un simple prétexte. En effet, rappelons qu’une résolution ne possède aucun caractère contraignant, ni de valeur législative, et que l’intégration de l’Ukraine à l’UE reste une éventualité encore très éloignée. Par ailleurs, dans un passé récent, Marine Le Pen s’est montrée moins soucieuse du contenu des textes qu’elle acceptait de soutenir.
Par exemple, en décembre, elle avait voté en faveur de la motion de censure déposée par les insoumis, qui accusait Michel Barnier de “céder aux plus viles obsessions de l’extrême droite”. À l’époque, elle justifiait cette décision par la volonté de faire chuter le gouvernement. Actuellement, ce sont précisément les buts de la nouvelle résolution qui lui posent problème. Cette résolution cherche à renforcer l’appui militaire à Kiev, à rendre plus strictes les sanctions contre Moscou et propose même de saisir les biens russes pour « soutenir la résistance ukrainienne et reconstruire l’Ukraine ».
Le refus du RN n’a rien de surprenant. Au contraire, il s’agit d’un positionnement constant. Depuis trois ans, Marine Le Pen n’a condamné l’agression russe que verbalement. Quand il s’agit de passer à l’acte lors des votes, ses efforts sont plus hésitants. Ses partisans ont régulièrement rejeté la plupart des propositions d’aides financières et militaires à l’Ukraine, ainsi que les différentes sanctions imposées à la Russie. Le RN trouve souvent une excuse pour esquiver au moment crucial. Par exemple, en juillet dernier, Jordan Bardella avait exprimé son opposition à une résolution de soutien à l’Ukraine au Parlement européen, en raison de son appel à une contribution financière annuelle des États-membres correspondant à 0,25 % de leur PIB.
La posture adoptée face à la Russie
Le nouveau leader du groupe d’extrême droite « Patriotes pour l’Europe » tenait à ne pas déplaire à ses alliés hongrois du parti de Viktor Orban. Pour mémoire, en 2023, les eurodéputés du RN avaient aussi refusé de critiquer les conditions de détention d’Alexeï Navalny, qui est décédé en 2024 dans les prisons russes sous le régime de Vladimir Poutine.
En votant contre la résolution ce jeudi, Marine Le Pen s’oppose à l’unité nationale qu’Emmanuel Macron espérait atteindre, avec des attentes toutefois limitées, tant les divergences idéologiques restent marquées. Bien qu’elle ait jadis exprimé son “admiration” pour Vladimir Poutine, elle ne semble pas considérer la Russie comme une réelle menace. Mercredi, elle a reproché au président français de “jouer avec les peurs”, alors qu’elle-même n’hésite pas à évoquer la menace du “totalitarisme islamiste” pour alimenter les craintes. Selon elle, nul besoin de s’inquiéter du Kremlin. Mais alors, pourquoi toute l’Europe, du Royaume-Uni jusqu’à la Pologne, en passant par l’Allemagne, les pays baltes et la Finlande, tombe dans le piège en choisissant de renforcer ses défenses ?