L’attaque dont a été victime un rabbin à Orléans a provoqué une forte réaction émotionnelle, s’inscrivant dans un contexte préoccupant de hausse des incidents antisémites en France. Malgré une condamnation unanime de cet événement par l’ensemble des partis politiques, des frictions persistent en ce qui concerne l’exploitation du conflit israélo-palestinien, qui est pointé du doigt pour attiser cette vague de haine.
L’attaque subie le samedi 22 mars par le rabbin d’Orléans a provoqué une large émotion. En plein centre-ville, cet homme a été battu par un adolescent de 16 ans qui, lors de sa garde à vue, a affirmé être Palestinien. Cet incident violent s’ajoute à la hausse des agressions visant la communauté juive en France depuis le 7 octobre 2023. Le nombre d’actes antisémites a quadruplé, atteignant 1570 en 2024, ce qui représente presque la moitié de l’ensemble des actes racistes dans le pays, alors que les Juifs constituent moins de 1 % de la population française.
Contrairement aux propos de Jean-Luc Mélenchon en juin précédent qui qualifiait ce phénomène de « résiduel », celui-ci est étendu et s’intensifie. Les données fournies par le ministère de l’Intérieur révèlent que 88 départements, sur un total de 101, ont enregistré ces incidents en 2024, et la majorité d’entre eux sont des agressions physiques.
Déclarations parfois nuancées
Emmanuel Macron s’est exprimé contre ce qu’il appelle « le poison de l’antisémitisme ». Le Président a affirmé sa détermination à ne pas rester silencieux ni passif face à ce fléau. Toutes les formations politiques, de l’extrême droite au Rassemblement national jusqu’à la France insoumise, ont fermement condamné cet acte. Cependant, un climat de consensus durable semble difficile à instaurer.
À Orléans, comme pour environ un tiers des incidents antisémites recensés en 2024, les agresseurs se sont réclamés de la cause palestinienne. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, s’est indigné : « Comme si s’en prendre aux Juifs en France était acceptable au nom d’un conflit se déroulant au Proche-Orient. »
La récupération politique du conflit entre Israël et le Hamas par certains politiciens contribue à la montée de l’antisémitisme en France. Bruno Retailleau a critiqué ce qu’il nomme « un climat antisémite », alimenté, selon lui, à la fois par « les islamistes à l’échelle mondiale » et par « les mouvements d’extrême gauche en France qui soufflent sur les flammes de la haine ». Gérald Darmanin a dénoncé « l’ambiguïté » de « certains responsables » de La France insoumise concernant l’antisémitisme. Bien que Jean-Luc Mélenchon rejette ces accusations, plusieurs de ses prises de position, sur la période des 18 derniers mois, ont été perçues comme controversées. En novembre 2023, par exemple, le leader insoumis avait refusé de participer à une marche contre l’antisémitisme, en qualifiant cet événement de « rendez-vous des soutiens inconditionnels du massacre » des Palestiniens. Par cette déclaration, il imputait implicitement aux manifestants, dont de nombreux Français juifs, la responsabilité des bombardements sur Gaza.