Après avoir siégé pendant 23 ans, le député issu du parti communiste se prépare à prendre congé de l’Assemblée nationale.
« De nos jours, la séparation des pouvoirs a été considérablement affaiblie », partage ce vendredi 28 mars sur « ici Pays d’Auvergne » André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme. Âgé de 74 ans, le président du groupe Gauche démocrate et républicaine s’apprête à quitter l’Assemblée nationale le lundi 31 mars. Habitué des interventions rares, Chassaigne a siégé pendant presque 23 années dans cette institution.
« Je pars avec une paix intérieure, l’impression d’avoir accompli ce que j’avais à faire, convaincu que mes responsabilités seront correctement transmises à l’Assemblée et dans ma circonscription », déclare le parlementaire.
« Évolution de la politique contemporaine »
Lors de sa dernière intervention au gouvernement ce mardi, André Chassaigne a critiqué le « conclave des retraites », qu’il qualifie de « trompe l’œil », incitant le Premier ministre à réagir urgemment. « Pour cette ultime question, j’ai décidé de me concentrer sur un sujet qui m’est cher : le pouvoir législatif », confie-t-il. « Ce que je défends, c’est la nécessité de maintenir une séparation claire des pouvoirs, pour que le Parlement ait la capacité d’assumer ses fonctions, de surveiller l’activité du gouvernement, sans être dominé par un exécutif omniprésent. J’ai toujours lutté pour cela parce que, à mon avis, cette séparation est aujourd’hui largement compromise ».
Bien que certains aient jugé l’atmosphère à l’Assemblée nocive, le député communiste considère cela une « réalité » mais précise que « cela n’explique pas mon départ ». « Près de 23 ans passés à observer une transformation de la pratique au sein de l’Assemblée où le travail législatif, tout en restant pertinent, a perdu une partie de sa noblesse, sacrifiée au profit de débats tumultueux et d’une radicalité qui cherche à faire le buzz sur les réseaux sociaux », note-t-il lors de son entretien avec la station de radio locale.
« C’est une forme de détérioration difficile à vivre, mais ce n’est pas la cause de mon départ »
André Chassaigneà Ici Pays d’Auvergne
« Je n’ai aucune hésitation à abandonner mon rôle, aucun nœud dans la gorge », affirme André Chassaigne, puisqu’il va désormais se dévouer à sa ville de Saint-Amand-Roche-Savine où il a été récemment élu adjoint au maire. « Néanmoins, je ressens une certaine tension quant à la situation actuelle, tant au niveau national qu’au niveau local. Je ne vais pas cacher que la suppression prévue de 76 postes à l’entreprise Actypoles à Thiers ne me satisfait pas. Cela me rend soucieux, en me demandant si j’aurais pu intervenir davantage, comme j’ai tenté de le faire, pour remédier à la situation ».
En revenant sur sa carrière à l’Assemblée, un moment se détache particulièrement : « Au début de mon deuxième mandat, en 2007-2008, lorsque j’ai pris la parole pour défendre une motion de rejet, qui a été acceptée, même si l’Assemblée semblait majoritairement favorable au projet de loi sur les OGM. Grâce à une seule voix, la culture des OGM a été interdite dans notre pays. Bien que certains me l’aient reproché par la suite, cela reste un épisode marquant pour moi ». Enfin, le député se souvient des deux propositions de loi sur les retraites agricoles qu’il a vu passer.