À l’approche du verdict concernant le dossier des assistants parlementaires du FN, il est pertinent de faire le point sur les différentes leçons que le Parlement européen a déjà pu en tirer.
Marine Le Pen, ainsi que 24 autres personnes, connaitra le verdict la concernant ce lundi 31 mars dans le cadre du procès sur le détournement de fonds publics de l’Union européenne impliquant le Rassemblement national. Des peines de cinq années de prison dont deux fermes, une amende de 300 000 euros, ainsi que cinq ans d’inéligibilité ont été proposés à son encontre. Le parti est accusé d’avoir fait payer par le Parlement européen des assistants d’eurodéputés, qui œuvraient en réalité pour le Front national entre 2004 et 2016.
À Bruxelles et Strasbourg, cette affaire a déjà laissé des traces. Le Parlement européen a réagi en augmentant l’information dispensée aux eurodéputés, notamment les nouveaux arrivants, pour qu’ils ne puissent pas invoquer un manque de connaissance ou de transparence de la part de l’institution. Ainsi, lors de chaque nouvelle législature, des espaces d’information sont mis en place.
C’est alors l’occasion d’instruire les eurodéputés sur les règles en vigueur concernant les assistants parlementaires, leurs rémunérations et leur rôle. Les missions doivent pouvoir être justifiées à tout moment et être exclusivement liées aux activités européennes des élus. Quant aux salaires, ils sont désormais directement versés par le Parlement européen aux assistants, sans passer préalablement par les députés.
Influences étrangères et malversations
L’affaire Huawei, dévoilée il y a deux semaines, illustre parfaitement le phénomène : un lobbying qui aurait pris la forme de corruption. La distinction entre ces deux activités repose sur l’interdiction de fournir des cadeaux personnels non déclarés aux eurodéputés ou à leurs assistants. Tout doit être enregistré dans un registre de transparence où des entreprises comme Huawei consignent leurs budgets dédiés aux relations publiques ainsi que les noms de leurs représentants, qui portent par ailleurs des badges dans les bâtiments du Parlement européen. Ce cadre existe bel et bien, mais il a clairement été contourné. Cinq individus sont inculpés dans ce dossier Huawei, dont quatre sont placés en détention provisoire.
Cette affaire rappelle le scandale connu sous le nom de Qatargate en 2021, également une affaire de corruption. D’autres scandales récents ont impliqué la Russie, notamment le réseau « Voice of Europe » en 2024. Ce réseau cherchait à influencer des eurodéputés “avec ou sans rémunération”, d’après les services de sécurité belges. Le problème persiste car les institutions européennes ne possèdent pas leurs propres services de sécurité ou de renseignement, ce qui pourrait les aider à mieux identifier ce genre de situation en temps réel.