Lundi, à l’Élysée, Emmanuel Macron a convoqué le conseil dédié à la planification écologique. L’objectif de cette rencontre était de « raviver » l’engagement de la France sur les questions écologiques, face à la diminution moins rapide que prévue des émissions de gaz à effet de serre dans le pays en 2024.
La dernière rencontre de cette nature remonte à plus de dix-huit mois. Ce lundi 31 mars, le conseil de planification écologique s’est tenu à l’Élysée sous la présidence d’Emmanuel Macron. Une douzaine de ministres se sont réunis pour réfléchir aux mesures urgentes nécessaires à une mobilisation accrue de la France face à ces défis persistants, alors même que les records de température ne cessent d’être pulvérisés et que le pays peine à réduire de manière significative ses émissions de gaz à effet de serre. « La session a été l’occasion d’évaluer notre approche planificatrice, d’analyser nos résultats, et de programmer une révision globale de nos politiques pour gagner en efficacité, » a expliqué la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, après la réunion.
Ce rassemblement à un niveau aussi élevé a été organisé en réponse à l’avertissement formulé récemment par le Citepa. Dans son dernier rapport, cet organisme chargé de rendre compte de l’empreinte carbone nationale a signalé un ralentissement notable dans la baisse des émissions durant l’année passée, marquée par des températures mondiales exceptionnelles. Après un début d’accélération en 2023, la réduction des émissions n’a atteint que 1,8 % en 2024, un chiffre insuffisant pour respecter les objectifs nationaux. Dans son dernier document, le Haut Conseil pour le climat avait déjà sonné l’alarme sur l’importance « de maintenir et structurer notre politique nationale pour la réduction des émissions et l’adaptation au changement climatique. »
Vers une « expérimentation sans passoires thermiques »
Cette réunion visait donc à faire le « bilan de notre stratégie » écologique et « probablement à renforcer l’engagement du gouvernement et du Premier ministre, » comme précisé par l’Élysée avant l’événement. L’accent était mis sur certains secteurs ne respectant pas leurs quotas, à savoir le transport, le bâtiment, les industries lourdes et les forêts, ces dernières captant beaucoup moins de CO2 que prévu. « Les réductions d’émissions du bâtiment et des transports ne sont pas suffisantes et ont même augmenté dans la deuxième moitié de l’année, » a regretté Agnès Pannier-Runacher.
La ministre a exposé plusieurs points issus de la discussion, décrivant des « mesures protectrices en faveur des citoyens français. » En matière de transport, le contrat de location à bas prix pour les voitures électriques, fixé autour de 100 euros mensuels et largement subventionné pour les foyers à faibles revenus, « sera relancé en septembre, » a-t-elle annoncé. Concernant le logement, une « expérimentation de suppression des passoires thermiques » va être mise en œuvre dans des zones volontaires dans les semaines à venir. Il s’agira d’engager des campagnes de sensibilisation ciblant exclusivement les zones et bâtiments identifiés comme des passoires énergétiques de catégorie F ou G, en proposant conseils et assistance pour leur rénovation thermique.
Lancement d’une mission sur la fracture écologique
À une échelle nationale plus vaste, le gouvernement souhaite instaurer une mission, inspirée « du modèle de celle menée par Jean Pisani-Ferry, » traitant de la fracture écologique. « Les Français, qu’il s’agisse de la qualité du leur air, de leur eau, de leur nourriture, de leur cadre de vie ou de leurs paysages, sont directement impactés par le changement climatique. Et les plus vulnérables en pâtissent le plus, » a souligné Agnès Pannier-Runacher.
Le plan de l’exécutif inclut aussi un projet de « grande conférence sur l’eau au niveau local, » couplé à la prochaine consultation publique sur la « Stratégie nationale alimentation nutrition climat » et la relance des conférences régionales pour s’adapter au changement climatique, suivant la publication récente d’un plan national. Le gouvernement envisage également un « programme d’action pour le recyclage des plastiques, » dont les grandes lignes seront dévoilées par la ministre « dans les semaines à venir. »
Agnès Pannier-Runacher a également annoncé une augmentation de 2 milliards d’euros du budget des prêts dédiés à la transition écologique par la Caisse des dépôts pour cette année. « Bien que le financement dédié à la transition écologique croisse, les exigences augmentent à un rythme plus rapide, » a-t-elle admis. En revanche, peu d’annonces ont été faites concernant les forêts, bien que le Haut Conseil pour le climat mette en garde contre « l’affaiblissement des forêts françaises et la diminution substantielle des puits de carbone, indispensables pour atteindre la neutralité carbone. » Le dossier est « en cours d’élaboration, » a précisé le cabinet de la ministre.