Le mouvement politique d’extrême droite prévoit de renforcer sa tactique afin de soutenir leur chef de file. De son côté, Marine Le Pen a choisi de s’en prendre au système judiciaire.
Suite à la condamnation judiciaire de Marine Le Pen, le Rassemblement National (RN) a renforcé sa contre-offensive en distribuant des tracts, en lançant une pétition, et en organisant un rassemblement prévu pour dimanche à Paris. À l’époque, le 21 février 1998, les membres du Front National manifestaient déjà leur mécontentement à Versailles contre ce qu’ils percevaient comme une injustice venant du système. Jean-Marie Le Pen usait de termes comme « complot » ou « persécution » pour critiquer les décisions judiciaires, les attribuant à une volonté supposée des francs-maçons et du système en place d’imposer une « vérité officielle ». Les accusations étaient claires : il s’agissait de mettre des bâtons dans les roues au Front National par n’importe quels moyens.
À présent, quelles seront les paroles de sa fille lors de l’événement de dimanche à Paris ? Un aperçu a été donné mardi lorsque Marine Le Pen a dénoncé « le système » qui aurait, selon elle, utilisé leur « arme la plus redoutable » pour la priver de l’élection présidentielle qu’elle estime pouvoir remporter. Toute cette journée, le Rassemblement National a intensifié ses critiques acerbes envers la justice et le gouvernement. À l’Assemblée nationale, les députés du parti ont délaissé leur habituelle retenue vestimentaire pour transformer la séance en un véritable show, dénonçant la supposée « trahison de l’État de droit ».
Engager une bataille contre la justice
Quelles sont les raisons d’un tel choix ? Marine Le Pen semble déterminée à engager un bras de fer avec la justice. La période de « dédiabolisation » et la quête de légitimité paraissent révolues, remplacées par une furie inspirée par celle de son père. Cette stratégie s’apparente à une rechute, mobilisant les mêmes réflexes : d’abord, unir les rangs autour du leader menacé. Même Jordan Bardella, qui n’a pas fait de nombreuses apparitions lors du procès, a dû prendre une place de choix à l’avant, comme Bruno Mégret auparavant. Les slogans restent inchangés. En 1998, c’était : « Avec Le Pen, défendons les libertés ! Les corrompus en prison, justice pour le Front ! ».
Ce dimanche, le message sera : « Protégeons notre démocratie, Soutenons Marine ! ». Les théories du complot perdurent – les juges seraient toujours « engagés politiquement » et les médias « manipulés » – et la rhétorique s’enflamme contre la « tyrannie des juges rouges » et « l’oppresseur qu’est le système ».
Une manœuvre politiquement périlleuse
S’attaquer à des magistrats indépendants n’est pas un exercice sans conséquences pour un parti qui ambitionne de gouverner le pays, et donc de diriger ses institutions. Jusqu’où aller dans cette entreprise contre les magistrats, alors même que celle tenant le marteau du verdict contre le RN a nécessité une protection suite à de nombreuses menaces de mort reçues ? Et lorsque l’on espère également obtenir un jugement favorable en appel. Marine Le Pen cherche à se présenter comme une victime pour motiver ses sympathisants, surfant sur l’élan illibéral soutenu par des figures comme Donald Trump, Viktor Orban ou Jair Bolsonaro, une alliance de chefs populistes souvent en conflits avec la justice, et qui lui ont tous exprimé leur soutien.
Depuis Jean-Marie jusqu’à Marine Le Pen, le lepénisme continue de mettre à l’épreuve l’indépendance judiciaire et la stabilité des institutions démocratiques de notre pays.