Les Insoumis ainsi que les membres du Parti socialiste discutent une fois de plus de la possibilité de faire tomber le gouvernement. Le Rassemblement national ne ferme pas la porte à cette idée, mais affirme que sa décision ne dépendra pas de la situation de la dirigeante de leurs députés.
À peine un peu plus de trois mois après sa formation, le gouvernement fait face à une montée de tensions. Les membres de La France Insoumise et du Parti socialiste évoquent à nouveau la possibilité de déposer une motion de censure. La dirigeante du groupe parlementaire du Rassemblement National a été condamnée le lundi 31 mars à cinq ans d’inéligibilité avec un effet immédiat, en lien avec une affaire concernant les assistants parlementaires européens. Cette dernière sera réentendue en appel en 2026. Dans une déclaration parue le mercredi 2 avril dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, elle réaffirme : « Si j’estime que déposer une censure est un moyen de défendre les citoyens, je n’hésiterai pas à le faire ».
Le contexte a considérablement changé. Depuis ce lundi, la situation n’est plus la même. Le Rassemblement National cherche à galvaniser ses partisans contre l’inéligibilité imposée à Marine Le Pen. Une ministre exprime son inquiétude que les membres de l’Assemblée représentant l’extrême droite ne causent un désordre : « Cela pourrait leur redonner un élan ». Cependant, la possibilité d’une censure est-elle vraiment envisageable dans la situation actuelle ? Renverser le gouvernement impliquerait le risque d’une dissolution du Parlement au début juillet. Une épée à double tranchant pour le Rassemblement National : d’un côté, la situation de Marine Le Pen risque de fortement mobiliser ses partisans, plaçant potentiellement le RN en tête à l’Assemblée. Mais de l’autre côté, Marine Le Pen — sur le point de finir son mandat de députée — serait incapable de se présenter aux futures élections, signifiant ainsi la perte de son siège.
L’exécutif espère éviter une censure jusqu’à la prochaine discussion budgétaire
Quant au gouvernement, il prône l’apaisement, que ce soit par l’intermédiaire de François Bayrou ou de Gérald Darmanin, ministre de la Justice, mais un premier obstacle se profile : un projet de loi déposé par Eric Ciotti. Celui qui s’allie parfois avec le RN veut supprimer l’effet immédiat en cas d’inéligibilité. « Cela se changera en une sorte d’ultimatum pour le cœur du gouvernement », explique un conseiller de l’exécutif. En effet, ne pas soutenir cette proposition pourrait entraîner une motion de censure.
Si ensuite, le Premier ministre parvient à rester en place après cet affrontement politique jusqu’à l’été, le plan, selon diverses sources à 42mag.fr, serait de suspendre les activités de l’Assemblée nationale et du Sénat entre fin juin et début octobre, évitant ainsi toute censure avant l’élaboration du prochain budget. Ce schéma a été courant dans le passé, mais sur les huit dernières années, sous Emmanuel Macron, il y a eu ce qu’on appelle des sessions extraordinaires, permettant au gouvernement de débattre de textes en attente.
Cette idée est considérée sérieuse puisque les dirigeants de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, du Sénat, Gérard Larcher, ainsi que Patrick Mignola, ministre chargé des relations avec le Parlement, ont discuté de cette possibilité la semaine dernière. Cependant, cette perspective suscite déjà l’ire d’un responsable du RN siégeant à l’Assemblée : « Dans ce cas, autant ne plus prétendre être une démocratie ».