Le dimanche 6 avril, Marine Le Pen a rassemblé ses sympathisants dans la capitale française pour contester sa condamnation, se présentant comme la cible d’une « chasse aux sorcières ». Néanmoins, pour éviter une nouvelle condamnation en appel, elle doit adopter une stratégie de défense différente.
Le dimanche 6 avril, Marine Le Pen a rassemblé ses partisans à Paris pour exprimer leur mécontentement face à sa condamnation judiciaire. Cet événement ressemblait à un retour à Marineland, non pas le parc aquatique qui avait fermé précédemment, mais plutôt un monde alternatif où Marine Le Pen semble évoluer dernièrement. Dans cet univers imaginaire, bien qu’elle ait été reconnue coupable de l’utilisation abusive de fonds publics à hauteur de plus de 4 millions d’euros, elle se présente comme une victime d’une « chasse aux sorcières » orchestrée par une « décision politique » qui selon elle serait contraire à « l’État de droit » et même à la « démocratie ».
La dirigeante du parti d’extrême droite n’a pas hésité à citer Martin Luther King, comparant son combat actuel aux luttes pour les droits civiques dans une Amérique en proie à la ségrégation. Pourquoi ne pas ajouter Gandhi ou Nelson Mandela à cette liste de comparaisons audacieuses ? Dans ce monde fantaisiste, ses supporteurs, qu’elle appelle son « peuple », sont censés manifester en grand nombre pour la soutenir. En vérité, seuls quelques milliers ont répondu présent sur une place parisienne plutôt vide, et, selon les sondages, deux tiers des Français soutiennent le verdict.
Un Appui Symbolique Face à la Réalité Juridique
Le rassemblement avait pour but principal de lui redonner courage. Une sorte de séance de réconfort collectif, avec la présence de plusieurs de ses associés également condamnés, comme le maire de Perpignan Louis Aliot et le député Julien Odoul, parmi d’autres, présents sur l’estrade en soutien, à la manière des accusés dans un tribunal. Mais l’événement visait aussi à enterrer l’idée d’un plan alternatif. Parmi la foule de députés du RN, Jordan Bardella a dû jurer son allégeance à Marine Le Pen. Elle n’a guère apprécié son absence lors du procès, préférant aller dédicacer son livre à la place. Elle a été également déçue par le premier tweet de Bardella après la décision judiciaire, dans lequel il dénonçait un « scandale démocratique » assimilé à une entrave à sa possible candidature en 2027, suggérant qu’il envisage déjà de tourner la page. Elle est particulièrement consciente que la popularité de Bardella auprès des électeurs du RN pourrait menacer sa volonté de rester au premier plan.
Pour éviter une nouvelle condamnation en appel, elle devra sortir de ces « vérités alternatives » qui rappellent le style de Donald Trump, lui qui de son côté a prôné la « libération de Marine Le Pen ». Comme dirait Lacan, « le réel, c’est quand on se cogne ». Dans son cas, la réalité se compose d’accusations graves qu’elle continue de démentir catégoriquement. Pour s’en sortir, Marine Le Pen devra modifier sa stratégie de défense, en choisissant d’argumenter convenablement avec les juges plutôt que de les critiquer. Dimanche, elle a admis ne « pas mettre tous les magistrats dans le même sac…” Une avancée timide certes, qui n’est pas encore un signe de remords. Comme le disait le marquis de Sade, « encore un effort pour être républicain » !